Critiques // Critique. « La nuit tombe » de Guillaume Vincent aux Bouffes du Nord

Critique. « La nuit tombe » de Guillaume Vincent aux Bouffes du Nord

Jan 15, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « La nuit tombe » de Guillaume Vincent aux Bouffes du Nord

ƒ Critique Djalila Dechache

06-20nu134

©DR

Conçu de manière fragmentée, avec des fins en noir total, une musique et des bruitages très présents comme alternative aux dialogues, des micros partout derrière les portes, sous les pas, dans les robinets, telles des scènes de cinéma sur plusieurs écrans qui s’imbriqueraient mais pas systématiquement. Il s’agit bien de cela, Guillaume Vincent tente une nouvelle approche de théâtre avec………du cinéma.

« Maman il y a quelqu’un dans la salle de bains »

Le souci c’est qu’à la fin on ne sait plus si on a assisté à une représentation ou à un film et il ne nous en reste pas grand chose de ces êtres qui se déchirent en français, anglais, italien, allemand et une langue des pays de l’est serbo-croate peut-être ou russe. Pourtant c’est très bien fait, tout le monde fait de son mieux, y compris techniquement pour nous restituer des ambiances américaines, forcément américaines de soir d’orage et de tempête, un samedi soir paumé, klaxons de Cadillac qui déboulent à tout rompre dans les avenues désertes du comté de  Sacramento ou à peu près ……

Cela commence plutôt bien :  un hôtel, une grande baie vitrée qui pourrait donner sur une plage en hiver, une femme, une enfant, un soir de Noël, rien de plus banal. La femme semble heureuse, donne l’image du bonheur, elle fredonne une chanson, fait virevolter sa robe gonflée de tulle, déballe les cadeaux. Peu à peu, une ambiance s’installe, l’enfant sur le lit est malade, on la sent fiévreuse par les petits gémissements qu’elle pousse, la femme attend un appel téléphonique qui n’ arrive pas, elle décide de donner un bain à l ‘enfant et puis tout se dérègle, les portes claquent et grincent, la tempête siffle, les éclairs se déchainent, le téléphone sonne mais c’est l’accueil, ce n’est pas l’appel qu’elle attend,  la petite fille dit « Maman il y a quelqu’un dans la salle de bains », l’eau du bain déborde, la femme déborde aussi de sentiments, d’attente perdue, d’angoisse, de panique, d’impression d’horreur qui vient de la salle de bains………on entend un hélicoptère, très proche de la chambre, on a envie de dire Stop tant ce bruit qui nous déchire à l’intérieur ! Le bruitage, c’est le 7 ème rôle, le 7 ème personnage de cette pièce écrite et mise en scène par Guillaume Vincent. Il a souhaité travailler à partir du conte dans ce qu’il a de fantastique et de magique en travaillant y compris techniquement sur les voix d’enfants.

Tout le spectacle va égrener des situations les plus dures qui soient, on crie beaucoup, on se bat aussi, physiquement, entre sœurs, dont l’une des deux va se transformer en chanteuse de pacotille, clin d’œil à une scène culte du cinéma américain, des fleurs partout qui sentent la mort, un fils et sa mère, un couple qui fume des joints, celle du cinéaste sadique en quête de « vérité » des sentiments qui agresse la comédienne pour qu’elle lui donne quelque chose qu’elle ne peut donner. Cette scène pas drôle du tout laisse échapper des rires plus nerveux qu’autre chose. Le plus joli moment étant apporté par celui qui campe le personnage Angelo, l’ange, en relation avec une femme totalement désaxée dans sa robe de strass.Les deux théâtres, la Colline et le Théâtre des Bouffes du Nord où est programmé le spectacle, se sont associés pour « permettre à ce projet de déployer toute sa singularité »

La nuit tombe

Texte et mise en scène, Guillaume Vincent, paru aux Editions Actes-Sud Papiers

Avec : Francesco Calabrese, Émilie Incerti Formentini, Florence Janas, Pauline Lorillard, Nicolas Maury, Susann Vogel et avec les voix de Nikita Gouzovsky et Johan Argenté

Rendez-vous Gare de l’Est, texte et mise en scène Guillaume Vincent

avec Émilie Incerti Formentini, se jouera au Théâtre des Bouffes du Nord  pendant les représentations de La nuit tombe… les jeudis, vendredis, samedis à 19h

Théâtre des Bouffes du Nord 37 bis, bd de La Chapelle, 75010

Paris. Métro La Chapelle  ou Gare du Nord

Création au Festival d’Avignon 2012

Du 08 Janvier au 02 février 2013 du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h, durée 1h40

Réservation : 01 46 07 34 50
www.bouffesdunord.com

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