Critiques // Critique. « La Belle et la Bête », de Lemieux Pilon 4D Art, au Théâtre National de Chaillot.

Critique. « La Belle et la Bête », de Lemieux Pilon 4D Art, au Théâtre National de Chaillot.

Fév 25, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « La Belle et la Bête », de Lemieux Pilon 4D Art, au Théâtre National de Chaillot.

ƒ Critique Rachelle Dhéry

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© Victor Pilon

« Qui sommes-nous dans les histoires des autres ? Le monstre ou la victime ? »

Les contes… Fantastiques, merveilleux, féériques, les contes qui ont su survivre au défilement des siècles ont tous une chose en commun : ils ont la force d’éveiller en vous nombre d’images et vous propulser au cœur d’un beau, triste ou terrible voyage, dont on ne sort jamais indemne. Mais avant tout : les contes ne s’expliquent pas. Même si derrière les masques de la Belle et la Bête, on devine un horizon de principes philosophiques autour de la notion de « bête », l’expliquer réduirait à néant le but ultime du conte : histoire intemporelle et universelle, qui touche l’être en plein cœur et le pousse à se forger une opinion, une morale, une mise en garde. De même, les contes sont souvent simples, pour être compris du plus grand nombre.

Alors quand j’apprends que Michel Lemieux et Victor Pilon, artistes canadiens qui mêlent vidéo, théâtre, poésie, magie, effets spéciaux et 3D, (ils avaient présenté Norman, en 2007 à Chaillot également, autour de l’œuvre du cinéaste d’animation canadien Norman McLaren), débarquent de nouveau dans ce magnifique théâtre parisien, avec ce merveilleux conte, sublimé par Cocteau et Disney, je me retrouve, telle une enfant, trépignant d’impatience. Oui, j’allais découvrir de nouveaux horizons scénographiques, grâce à ces audacieux canadiens. Ah ! Ils sont forts ces Québécois ! Des personnages en image de synthèse en 3D apparaissent sous nos yeux ébahis, quand l’un joue avec un reflet plus vrai que nature, l’autre utilise le « pouring » à la Polock en éclaboussant des murs virtuels, un cheval blanc galope à travers l’espace scénique avant de disparaître derrière un portail imaginaire, mais apparent. Les décors s’enchainent à un rythme endiablé, projetés sur des panneaux coulissant, et c’est tout un nouvel horizon qui s’ouvre devant nous, metteurs en scène du 2D. Déjà old school… C’est grâce à ce genre de techniques que le théâtre pourrait prétendre aux mêmes décors que le cinéma, avec des budgets raisonnables, et ce, grâce à l’illusion, aux illusions, au virtuel.

Ce spectacle est une véritable performance technique et visuelle, un régal pour les yeux. Mais, à l’instar de ce dessin animé « Rebelle » dont les images étaient une merveille de détails colorés, il ne faut surtout pas y aller pour l’histoire, malgré un texte plutôt bien écrit. Reprendre un conte est un exercice difficile. Car il est difficile d’atteindre la perfection dans la simplicité. Aussi, à vouloir tout moderniser, tout compliquer, tout réinventer, et bien, on s’y perd. Et, autant la scénographie était un véritable exploit, autant la mise en scène et la direction d’acteurs laissaient cruellement à désirer.

Cette question me brûle les doigts : pourquoi ne pas avoir repris l’histoire, telle que nous la connaissions ?

La Belle et La Bête
Création, mise en scène Michel Lemieux et Victor Pilon
Création et texte Pierre-Yves Lemieux
Assistante à la mise en scène, régie Isabelle Painchaud
Décor, costumes, accessoires Anne Séguin Poirier
Musique originale Michel Smith
Conception visuelle Michel Lemieux, Victor Pilon
Co-conception visuelle Mathieu St-Arnaud
Lumières Alain Lortie
Avec Bénédicte Décary, Vincent Leclerc, Louise Laprade, Anne-Marie Cadieux, Peter James et le cheval Champagne, dirigé par Axalée Gaudreau

Jusqu’au 1er mars à 20h30 – Relâche lundi

Théâtre national de Chaillot
1 place du Trocadéro 75016 Paris
Métro : Trocadéro
Réservation : 01 53 65 30 00
http://www.theatre-chaillot.fr

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