Critiques // Critique . « La belle de Cadiz ». Mohamed Rouabhi. Théâtre de la Commune.

Critique . « La belle de Cadiz ». Mohamed Rouabhi. Théâtre de la Commune.

Fév 01, 2013 | Aucun commentaire sur Critique . « La belle de Cadiz ». Mohamed Rouabhi. Théâtre de la Commune.

ƒ Critique Djalila Dechache

La belle de Cadiz

©DR

Le titre est joli, se prête au charme de la musique et de la danse. A ne pas confondre avec Cadix de l’Espagne flamboyante et tout le tralala. L’image aussi de Claire -Claire Nebout a de quoi faire plaisir. On l’attendait ce spectacle écrit sur mesure pour la comédienne par Mohamed Rouabhi, mis en scène par lui -même, un peu trop rare ces derniers temps. Il dit que :

« Nous avions envie de travailler ensemble depuis longtemps avec Claire Nebout. Je me suis mis à écrire une partition à plusieurs voix. De son côté, elle avait l’envie intime d’affronter seule la scène, pour la première fois. »

Il nous surprend avec cette histoire simple d’une jeune femme ordinaire dans la France des gens simples. C’est un voyage au cœur d’une jeune fille de Bretagne qui a connu l’ennui de l’adolescence tout en se sentant différente, ballottée entre une mère un peu rude mais si délicate jusque dans sa manière discrète de pleurer «  c’était  comme si elle voulait pas faire de bruit » un père malade, invalide, elle travaillera à la boulangerie du coin en été, jusqu’au moment où éclate le scandale de l’Amoco-Cadiz. Ce pétrolier qui avait tout détruit sur son passage, en mer, sur terre n’épargnant rien ni personne, Clo-clo qui tire sa révérence en pleine gloire, etc …..

Une belle fille comme moi.

Pas facile de tenir presque 1h30mn dans un décor épuré de maison d’enfance, une valise à terre avec des objets familiers, d’avant, dans les années 78 et plus, solo linéaire, descriptif, introspectif. Ce n’est pas pour autant un texte facile. Heureusement Claire Nebout dans sa totale simplicité est là, avec son énergie, sa beauté, son regard de félin, sa tranquillité et son coup de gueule lorsqu’elle décrit combien la marée noire a tout sali y compris les gens en dedans et pour longtemps. Quand elle se place entre lumière et pénombre, bras tendus vers le geyser lumineux, les néons la déshabillent et ne lui épargnent rien au point de montrer les contours détaillés de son corps moulé dans sa robe rouge. C’est osé parce que ce n’est pas forcément flatteur pour une femme. Mais la lumière ici se veut caresse, se veut nudité et vérité, montre Claire comme elle ne s’est jamais montrée. Comme cet amant qui la caressait avec ses mains en laissant des traînées noires sur elle, comme « s’il dessinait mon corps »dit-elle. Alors elle bouge, Claire, de cour à jardin et de jardin à cour, boit la mirabelle de maman ou de l’oncle Jean, se roule par terre, sort du champ du plateau, se déchausse, se met à genoux, revient, repart et termine en beauté en se lançant dans un pas de danse, montrant savamment ses jambes dans une envolée langoureuse à la Cyd Charisse, furtivement.

 

La belle de Cadiz
Texte, mise en scène : Mohamed Rouabhi
Avec : Claire Nebout
Chorégraphie : Caroline Marcadé
Lumières : Nathalie Lerat
Son : Mohamed Rouabhi
Costumes : Barbara Gassier
Graphisme : Roma Napoli
 
Jusqu’au 8 Février 2013 –  mardi au vendredi à 20h – samedi à 18h30 – dimanche à 16h30
durée 1h15.
Théâtre de la Commune CDN d’Aubervilliers
2 rue Édouard Poisson
93304 Aubervilliers cedex
Métro : Aubervilliers-Pantin-Quatre Chemins
Réservation : 01.48.33.16.16
www.theatredelacommune.com

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