Critiques // Critique• « Iris » de Herman Hesse par Gérard Etienne au Théâtre de l’Essaïon

Critique• « Iris » de Herman Hesse par Gérard Etienne au Théâtre de l’Essaïon

Jan 08, 2012 | Aucun commentaire sur Critique• « Iris » de Herman Hesse par Gérard Etienne au Théâtre de l’Essaïon

Critique de Evariste Lago

Fleur-femme-mystérieuse

Iris est le nom d’une fleur. Mais pour Anselme, le personnage principal d’Hermann Hesse, c’est avant tout le nom d’une femme. Dans ce texte émouvant, profond et sensuel, Hesse raconte la vie d’Anselme de l’enfance à la mort. Durant sa jeunesse, ce campagnard batifole dans les hautes herbes du jardin, communique avec les fleurs, entre en relation puis en communion avec les êtres qui le peuplent. La hampe bleue des campanules, les feuilles vertes et coupantes des iris, la beauté duveteuse de leurs doux pétales, tout est synonyme de poésie, de féérie et d’amusement dans ce jardin d’Eden. Les histoires les plus folles s’inventent au fil de la course des ombres sur les bâtiments entourant le jardin de sa mère. L’enfance du personnage est magnifiée mais s’assombrit avec le temps. Comme l’a si bien chanté Ferré, Avec le temps va, tout s’en va. L’adolescence coupe le jeune homme de sa rêverie et le plonge dans le monde réel des adultes. La féérie disparaît. L’adolescent devient jeune adulte, étudie, part du nid familial pour ne revenir qu’aux beaux jours. Ses désirs changent. Sa mère meurt et la maison familiale s’endort pour un hiver interminable. Anselme a tout pour être heureux mais ne trouve pas le bonheur. Sa rencontre avec Iris le bouleverse, tout comme sa demande : retrouver son innocence perdue au travers d’un parcours initiatique.

Hermann Hesse s’est inspiré de sa vie pour écrire et pour comprendre la cause de ses souffrances intérieures. Par sa psychanalyse avec Jung et l’un de ses disciples, par ses recherches continuelles et sa grande connaissance des sagesses orientales, Hermann Hesse est devenu une sorte de spécialiste de l’être humain et de ses crises existentielles.

Homme-comédien-pénétrant

La salle du théâtre de l’Essaïon, pour tout avouer une cave, est largement dépouillée. L’espace est nu, tout est à construire par le récit. C’est de la parole de Gérard Étienne incarnant le texte de Hermann Hesse que nait l’image : un monde végétal se créé dans un antre minéral. Une sorte d’hypnose se crée, nous sommes accrochés aux lèvres du narrateur. La puissance du texte et de l’interprète permet de bien pénétrer dans un jardin printanier luxuriant. Gérard Étienne est extraordinaire par sa voix pénétrante et enveloppante qui colle parfaitement au texte et fait naitre des sensations, des images du passé, de notre passé. Son immobilité, parfois complète, laisse au texte la place qu’il mérite : la plus importante.

Le texte a été soumis à un nouveau travail de traduction de la part du comédien et d’Alix de Finance pour être au plus proche de la dynamique poétique créée par les assemblages de la langue allemande et difficilement traduisible en langue française, sans tomber dans l’excès de fioritures.

Destiné aux amoureux des textes magnifiques, des jardins et des choses simples.

Iris
De : Herman Hesse
Interprétation et mis en scène : Gérard Étienne
Traduction : Alix de Finance

Du 5 au 28 Janvier 2012
Du jeudi au samedi à 20h

Essaïon Théâtre
6 Rue Pierre au Lard, Paris 4e
M° Hôtel de Ville, Rambuteau — Réservations 01 42 78 46 42
www.essaion-theatre.com

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