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Critique. « Grand fracas issu de rien » Concept de Pierre Guillois à la Maison de la musique de Nanterre

Mar 03, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Grand fracas issu de rien » Concept de Pierre Guillois à la Maison de la musique de Nanterre

ƒ Critique Dominika Waszkiewicz

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© David Siebert

Pour une cosmogonie onirique: la fertile alliance des talents

Ce cabaret d’un genre nouveau a de quoi nous aguicher : une soprano qui se prend pour une diva, un comédien expert ès mots novariniens, un gymnaste gonflé à bloc, un jongleur oscillant entre réel et virtuel, un batteur atteint de bougeotte aigue… le tout évoluant sur fond d’images numériques plus ou moins interactives.

Sur une scène sporadiquement ponctuée d’agrès (cheval d’arçon, barres parallèles et anneaux) et prolongée, derrière un immense écran, par un étroit couloir, s’enchaînent les séquences de sabotage de notre prosaïque réalité. Entre Gounod et Purcell, s’immiscent les cascades verbales des textes de Novarina, mises en images sur l’écran. Souvent ludiques, parfois redondantes et illustratives, les projections illustrent la folle densité de notre temps, ce chaos qui nous submerge.

Les ingrédients sont de qualité et l’on se prépare à savourer une belle rencontre de potentiels artistiques et scéniques. Le début nous happe aisément et les palétuviers[i] nous allument l’œil.

Un concept prometteur en quête de mise en scène

Hélas, malgré la ferveur logorrhéique de Dominique Parent, malgré notre envie d’être émerveillé par les sauts périlleux de Younesse El Hariri, malgré toute une série de charmantes trouvailles, se glisse assez vite une sorte d’écran entre la scène et nous. Comme une brume, à peine un voile, mais qui nous rend le spectacle laborieux et ralentit douloureusement l’ensemble.

Que s’est-il passé ? Où donc a pu fuir cette magie qui s’annonçait au rythme des baguettes de Benjamin Sanz ? Où se sont évaporées les promesses des gracieuses volutes de Sevan Manoukian ? Où a donc rampé la touchante poésie spatiale d’Adrien Mondot ?

Les numéros s’enchaînent, l’espace est habité, maîtrisé, dompté mais la durée continue de s’allonger. Où est le rythme ? Les moments de pause sont trop longs. Des silences, devenus gênants, alternent, sans cohérence aucune, avec des phases d’une densité enthousiasmante.

Finalement, que nous raconte ce « Grand fracas » ? Certaines images nous transportent. On se dit qu’il ne manquerait pas grand chose, juste un liant, une mise en scène en somme.

 

Grand fracas issu de rien, Cabaret spectral 
Concept de Pierre Guillois
Assistanat artistique : Stéphanie Chêne
Interprétation numérique : Claire Bardainne
Gymnastique : Younesse El Hariri
Chant : Sevan Manoukian
Jonglage et informatique : Adrien Mondot
Jeu : Dominique Parent
Percussions : Benjamin Sanz
Costumes : Axel Aust
Assistante costumes : Camille Penager
Maquillage et coiffure : Catherine Saint-Sever
Lumières : Jean-Yves Courcoux
Création vidéo interactive et mise en scène numérique : Adrien M. et Claire B.

Maison de la musique
8 r des Anciennes Mairies 92000 Nanterre
Réservation : 01 41 37 94 21


[i] « Sous les palétuviers » de M.Simons et H.Duvernois, 1934

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