Critiques // Critique . “C’est la faute à Le Corbusier ?” de Louise Doutreligne au Théâtre de l’Epée de Bois

Critique . “C’est la faute à Le Corbusier ?” de Louise Doutreligne au Théâtre de l’Epée de Bois

Avr 12, 2013 | Aucun commentaire sur Critique . “C’est la faute à Le Corbusier ?” de Louise Doutreligne au Théâtre de l’Epée de Bois

ƒƒ  Critique  Jean-Christophe Carius

C'est la faute à Le Corbusier 18

La Ville déconcertée

Où va la ville ? Et d’où vient-elle ? La forme des ruches que se donne l’humanité manifeste une partie de son idée d’elle-même. À notre époque, des canyons de verre, d’acier et de béton envahissent le sol et parquent le réel. “C’est la faute à Le Corbusier ?”, dernière création en date de la Compagnie Influenscènes, met en débat cet espace urbain qui assiège plus qu’il ne protège. Louise Doutreligne, écrivain de théâtre, grande activiste au service des auteurs, a élaboré ce texte à partir de son propre vécu en banlieue parisienne. Son travail d’enquête et de création s’est enrichi d’actions culturelles menées auprès des habitants des cités et réalisés dans le cadre d’Influenscènes en partenariat avec des institutions comme le C.A.U.E. du Val-de-Marne.

Au cours d’une séance de concertation dans le local social, des habitants d’une cité à rénover se donnent les moyens de faire entendre leur point de vue sur l’état des lieux. Placée sous l’égide d’une sculpture aux formes du “modulor”, la mesure à l’échelle humaine des “unités d’habitation” créée par Le Corbusier, ils organisent une palabre avec les architectes pour mettre en regard leur quotidien, “La Cité radieuse” et le Brasilia d’Oscar Niemeyer. Abordant le plateau par tous les angles, Jean-Luc Paliès, metteur en scène, déploie la grande échelle géométrique des cités. Son ingéniosité spatiale articule avec simplicité les mouvements de cette fable documentaire dont la dialectique didactique épelle tous les “enjeux” de l’urbanisme contemporain. Le réalisme prosaïque du présent contraste avec les fictions utopiques du passé et met en lumière les chutes d’un réalisé qui ne rime pas toujours avec l’imaginé.

Mais par la grâce de la convivialité, les espacements s’estompent. La chaleur groovante d’interludes musicaux, joués en live, remettent au centre du bâti le cœur battant des habitants. La sève créative de l’humanité qui, comme l’eau, fait de tout obstacle son chemin, fluidifie le nœud urbain. Pays émergeant, la féminité impose au chaos ambiant, sa “douce fermeté”. Madame Le maire, la femme architecte, l’étudiante originaire du Niger, la documentariste passionnée, agissent pour compléter, en les faisant virer, les rêves à demi échoués des hommes du passé. Elles engagent les utopies d’aujourd’hui comme étant des réalités de demain, prônant dialogue, concertation et co-création. “C’est la faute à Le Corbusier ?” représente un authentique théâtre politique, sans idéologie. Un acte de scène appliqué et constructif qui joue son rôle civil et donne à la cité l’occasion, si rare, de se penser, voire de se repenser.

 

C’est la faute à Le Corbusier ?
Comédie urbaine de Louise Doutreligne
Mise en scène de Jean-Luc Paliès
Avec Jean-Pierre Hutinet, Catherine Chevallier, Jean-Luc Paliès, Claudine Fiévet, Valérie Da Mota,  Ruth M’Balanda, Jeeb’s Paliès, Carel Cléril, Emilien Gillan
Autres comédiens pour les portraits vidéos fiction Véronique Daniel, Myriam Derbal, Claire Faurot, Mandine Guillaume, Laura Pélerins, Christina Rosmini, Isabelle Zanotti, Frédéric Andrau, Marc Brunet, Enrico Di Giovanni, Richard Martin
Images : Nadira Annan
Sculptures : Odile O
Scénographie : Lucas Jimenez
Développeur vidéo : Nicolas Barraud / Toys for Theater
Costumes : Madeleine Nys

Jusqu’au 28 avril 2013 – Du mardi au samedi à 21h – Dimanche à 18h

Théâtre de l’Épée de bois
Cartoucherie
Route du Champ de Manoeuvre
75012 – Paris
Métro : Château de Vincennes puis navette
Réservations : 01 48 08 39 74

http://www.epeedebois.com/

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