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Critique ・ « Roméo et Juliette » d’Omar Porras au Théâtre 71

Oct 13, 2013 | Aucun commentaire sur Critique ・ « Roméo et Juliette » d’Omar Porras au Théâtre 71

ƒƒ critique Dominika Waszkiewicz

 Théâtre 71

©DR

Dans une salle pleine, surexcitée d’avoir eu à chercher la meilleure place, au milieu des rires incontrôlés des lycéens, s’élève soudain un air de solennité. Du lointain émergent des figures d’un autre temps et d’un autre lieu. Le chœur shakespearien qui se découpe sur la brume lumineuse nous transporte au pays du soleil levant, chapeaux pointus et cercueil annonciateur.

Toute la délicatesse d’un conte nippon

La plupart des comédiens sont japonais et les scènes s’enchaînent, tour à tour lavis délicats, emaki menaçants ou ombres suggestives. Servant un jeu souvent outré et stéréotypé, la frontalité est de mise et sert subtilement les exhalaisons surnaturelles semées çà et là. Les voix sont insonorisées et le Prince de Vérone apparaît comme un deus ex machina, troublante épiphanie venue rétablir un ordre défait.

Entre la blancheur des fleurs de lotus et la transparence des shōji, les protagonistes déploient un éventail de talents pour des tableaux  réussis. La belle et farouche Juliette (Micari) joue de ses longues mèches noires en une chorégraphie toute de retenue et de pudeur tandis que les amis de Roméo combattent avec de longs sabres de samouraïs.

Curieuse fusion franco-japonaise

En un perpétuel mélange des genres, la fraise de Pâris avoisine les tabi de Capulet et les jupettes des grotesques servantes de la maison virevoltent près du kimono de la maman de Juliette. Chaque personnage défend son registre. Le problème naît lorsque le tout se mêle anarchiquement et que le spectacle perd le rythme qu’il semblait maîtriser au début. Tout ce décalage, initialement jouissif, se métamorphose en un objet plutôt indigeste, trop long et aux excès souvent prévisibles.

Finalement, on regrette un peu qu’Omar Porras n’ait pas effectué de choix en laissant ainsi sa création voguer de-ci de-là, entrelaçant tradition nippone, Japon moderne et, comme en guise de condiment, un tout petit peu du génie shakespearien, servi avec bonheur par le Frère Laurent (Pierre-Yves Le Louarn). En somme, malgré le plaisir découlant de certaines images, les enjeux de la célèbre tragédie élisabéthaine restent en sourdine, étouffés par l’écrin de la mise en scène.

Roméo et Juliette
Une création au pays du soleil levant
Spectacle en français et japonais surtitré en francais
D’après William Shakespeare
Adaptation et mise en scène : Omar Porras
Assisté par Fabiana Medina
Traduction française : Francois-Victor Hugo
Traduction japonaise : Shoichiro Kawai
Interprète : Hiromo Asai
Avec : Adrien Gygax, Tsuyoshi Kijima, Pierre-Yves Le Louarn, Micari, Yoneji Ouchi, Morimasa Takeishi, Momoyo Tateno, Takahiko Watanabe, Miyuki Yamamoto, Ryo Yoshimi
Création son : Emmanuel Nappey
Création lumière : Mathias Roche
Composition musicale : Alessandro Ratoci
Scénographie : Omar Porras
Conseillé par Amélie Kiritzé-Topor
Perruques et maquillage : Véronique Nguyen
Assistée de Julie Duriaux
Direction technique : Olivier Lorétan
Assisté de Jean-Marc Bassoli
Habilleuse : Marucha Castillo
Régie son : Maxime Imbert
Régie lumière : Valentin Paul
Régie générale : Simon Stehlé

Jusqu’au 19 octobre
Mar, vendredi à  20h30 – Mercredi, samedi à  19h30- Dim à 16h
Durée 2h sans entracte

Théâtre 71
3 place du 11 novembre 92240 Malakoff
Métro : Malakoff-Plateau de Vanves
Réservation : 0155489100
www.theatre71.com

 

 

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