ƒƒ critique Dashiell Donello

© Vincent Marit

À la suite de la guerre meurtrière de 2006, le sud du Liban est infesté par 2 millions de mines antipersonnel. L’équipe féminine, formée au déminage par l’ONG Scandinavian Aid, est composée de cinq Libanaises, toutes originaires des villages touchés par les destructions. Leur engagement met tous les jours leur vie en péril, mais qui brave la mort tous les jours ne craint plus d’affronter l’adversité. Fortes de l’autonomie financière que leur confère leur confortable « salaire de la peur », ces femmes ne se contenteront pas de déminer leur sol, elles se donneront pour mission de déminer aussi leur vie.

La pièce de théâtre Les démineuses, histoire librement inspirée de faits réels, devait être à la base un documentaire. Réalisatrice d’une vingtaine de documentaires, dont plusieurs ont été primés,  Milka Assaf passe deux mois avec des femmes qui déminent le sud Liban avec pour projet de présenter un film à la télévision française. À son retour en France, Milka Assaf essuiera un refus unanime de toutes les chaines de télévision. C’est alors qu’elle se tourne vers ce qui lui semble être encore un espace de liberté : le théâtre.

Après y avoir plus précisément réfléchi, je me suis aperçue qu’une pièce de théâtre me permettrait d’avoir beaucoup plus de liberté qu’un documentaire, je pouvais mettre en scène les confidences les plus intimes que ces femmes m’ont livrées, alors qu’elles se seraient sans doute censurées devant une caméra. Milka Assaf

« Merci » donc à la télévision française d’avoir laissé au théâtre une pièce politique d’une grande force déontologique ; avec la révolte saine de Milka Assaf, femme agnostique du monde arabe. Car ce témoignage venu de la vraie vie, reste poignant et sincère dans la fiction.

La mise en scène des espaces est suggérée par des images vidéo. Sur le plateau, les démineuses se servent d’accessoires pour signifier les mines. Quelques tables et chaises de camp, nous donnent l’idée de leur local ; reste d’une maison percée par les trous des obus. Cette simplicité est bienvenue pour la clarté du récit. Les dialogues trouvant l’authenticité, en échanges directs entre les personnages, par le drôle ou le tragique. Les comédiennes y sont  pour beaucoup dans leur conviction et leur jeu naturel. Un petit reproche cependant. Il est dommage de surligner, par une voix off doublée d’une nébuleuse d’images (certes scientifique, mais peu théâtrale), ce qui se perçoit très bien en ligne directe avec les comédiennes. Cela ferait gagner trente minutes, du rythme et de l’énergie dans les actions. Mais cet amical reproche ne doit pas vous détourner d’une pièce que vous auriez tord de louper.

LES DÉMINEUSES
De Milka Assaf
Mise en Scène : Milka Assaf
Avec : Marine Martin-Ehlinger, Sabrina Aliane, Sophie Garmilla, Ibtissem Guerda, Nawel Ben Kraiem, Taïdir Ouazine
Lumière : Laurent Béal
Musique : Hélène Blazy, Bruno Letort
Chorégraphie : Nabih Amaraoui
Vidéo : Milka Assaf, Frédéric Bures
Accessoires : Sebastien Ehlinger
Costumes : Sandrine Paccou

Vingtième Théâtre
7 rue des Plâtrières
75020Paris
Métro Ménilmontant

Jusqu’au 24 novembre 2013
Du mercredi au samedi à 21h30 – Dimanche à 17h30 – Vendredi 8 novembre à 14h30

www.vingtiemetheatre.com
« LES DÉMINEUSES » a reçu le Prix Claude Santelli décerné par l’association Beaumarchais-SACD en Juillet 2010. L’Aide à la création attribuée par le Centre National du Théâtre en Novembre 2010. L’Aide à la création de la DRAC – Ile de France en janvier 2012. Et en résidence d’écriture à La Chartreuse – Novembre 2011

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