Critique Dashiell Donello

L’obsession de la mer

Ellida, la femme du Docteur Wangel, est obsédée par la mer. Ce dernier en est tout affligé. Malgré toutes les bonnes attentions de son mari, elle semble rongée d’un lourd secret. Le mari fait peu à peu place au docteur et sa femme devient, à son insu, sa patiente. Lors d’une mise au point, à propos de leur vie conjugale, le Docteur Wangel découvre que le mal d’Ellida, qu’il croyait imaginaire, provient du souvenir d’un marin à qui elle s’était promise, lorsqu’elle était encore jeune fille. Ellida révèle à son mari que cet homme, que l’on croyait mort, est arrivé et revient la chercher.

Une mise en scène qui va à vau-l’eau

Cette « Dame de la mer » semble avoir totalement échappée au metteur en scène Jean-Romain Vesperini. La promesse, non tenue, de nous éloigner du naturalisme pour avoir la dimension symbolique de l’inconnu et de l’ailleurs, tombe à plat. Nous sommes face à la neutralité du jeu des comédiens (le couple Anne Brochet, Jacques Weber) et ce n’est pas l’hypnose de l’héroïne que nous voyons, mais sa monotonie. Ce qui devrait être fantastique est d’une navrante banalité. Il n’y a pas de chair, dans ce conte passionnel, un comble ! Le thème de la liberté d’Ellida, qui devrait être central, n’est qu’esquissé et résonne, pour le coup, comme un drame bourgeois ; ce que n’est évidement pas la pièce d’Ibsen. Mauvaise pioche donc. Tout à fait à l’opposé de ce que souhaitait montrer Vesperini. Cela a pour conséquence de gommer un autre thème, sous-jacent celui-là, de la femme dans la société patriarcale. Malgré cette « mise en scène » qui va à vau-l’eau, le chef-d’œuvre d’Ibsen (1828-1906) sort quand même des limites de la convention, où l’on voulait le cantonner, et renait de ses cendres, tel le phénix.

La dame de la mer
De Henrik Ibsen
Adaptation Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène Jean-Romain Vesperini
Assistante mise en scène Nikolitsa Angelakoupoulou

Avec: Jacques Weber, Anne Brochet, Jean-Claude Durand, Ninon Brétécher, Chloë Chaudoye, Laurent Fernandez, Jean-François Lapalus, Antoine Quintard
Décor Emmanuelle Roy
Costumes Sonia Bosc
Lumières Christophe Chaupin

Depuis le 24 septembre 2013
Du mardi au samedi 20h30 – Matinée samedi à 17h30 –  Dimanche à 15h30

Théâtre Montparnasse
31 rue de la Gaîté Paris 75014
Métro : Gaîté ou Edgar Quinet
Réservation :
http://www.theatremontparnasse.com

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