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Critique ・ La bobine de Ruhmkorff de Pierre Meunier au Théâtre de la Bastille

Déc 02, 2013 | Aucun commentaire sur Critique ・ La bobine de Ruhmkorff de Pierre Meunier au Théâtre de la Bastille

ƒƒƒ Critique Denis Sanglard

 crédit Jean Pierre Estournet

©Jean Pierre Estournet

Foutredieu !

Parlons cul ! Parlons sexe et désir…parlons d’amour. Pierre Meunier médite sur le rapport que nous entretenons avec ce mot inquiétant, troublant : sexe ! « Qu’est-ce que sexe ? » interroge-t-il d’emblée. La question posée reste en suspend dans cet atelier où règnent des machines étranges. Pierre Meunier creusant un parallèle entre les lois de la physique et ceux du désirs, illustre son propos d’inventions bricolées qui crépitent, bandent et déchargent. Comme cette bobine de Ruhmkorff qui transforme une énergie de faible intensité en décharge de 60 OOO volts. On ne peut être plus clair dans la démonstration du désir amoureux, celui qui foudroie.

Pierre Meunier, quelque peu lunaire, médite, rêve, s’interroge, doute. Où la physique de l’amour amène tout naturellement à la métaphysique. Pas de fausse pudeur, c’est cru et poétique en diable. C’est formidablement écrit. Pierre Meunier, magicien du verbe, appelle un chat une chatte. Le mot et la chose s’accorde joyeusement. Male et femelle copulent et même s’enculent…L’enculage révèle l’homme qui accepte d‘être foutu par sa compagne. La masturbation devient une méditation bucolique où foutre en l’air prend tout sons sens. Bander un acte fragile où il arrive que « la bite a chu ». Car l’homme dont la queue se dresse est parfois désarmé devant l’objet de son désir.

Dans une société de plus en plus réactionnaire où le corps devient un enjeu politique, Pierre Meunier avec beaucoup de délicatesse démontre que le corps échappe toujours aux enjeux normatifs. La physique des corps, l’attraction comme la répulsion, le désir, le sexe restent un mystère qui échappe au corps politique. Foutre devient un acte poétique et conséquemment subversif.

La Bobine de Ruhmkorff
Texte, jeu et mise en scène : Pierre Meunier
Collaboration artistique : Marguerite Bordat
Lumière : Bruno Goubert
Construction et régie plateau : Frédéric Kunze

Théâtre de la Bastille
76, rue de la Roquette
M° Bastille
http://www.theatre-bastille.com

 

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