Critiques // Critique ・ “Garry Davis”, Marjolijn Van Heemstra, La Maison des Métallos

Critique ・ “Garry Davis”, Marjolijn Van Heemstra, La Maison des Métallos

Déc 06, 2013 | Aucun commentaire sur Critique ・ “Garry Davis”, Marjolijn Van Heemstra, La Maison des Métallos

ƒƒƒ  Critique Solveig Deschamps

Garry Davis #1 ½Leo van Velzen

©Leo van Velzen

« Je ne suis pas actrice, je ne vais pas faire semblant de jouer »

Est-ce pour cette raison que la jeune néerlandaise Marjolijn Van Heemstra peut nous embarquer si magnifiquement dans son « théâtre documentaire » ? Pas donneuse de leçon, elle est dans son costume en paillette devant son micro et elle témoigne ou plutôt elle nous parle de son cheminement d’appartenance, non plus à une société, mais au monde. « Garry Davis » est le troisième volet de son « triptyque sur le monde globalisé  et l’altérité » qui lui a permis de tenter d’effacer les frontières, son passeport de « citoyenne du Monde » dans la poche (passeport que très malicieusement Garry Davis lui a vendu pour 35 dollars).

Le triptyque de Marjolijn 

Il est des aventures humaines qu’il faut donner à entendre et rien de mieux qu’un plateau de théâtre.

Première partie : Mahâbhârata 

Cette création partait  de la polémique suite au film de Peter Brook fortement critiqué en Inde. Au cœur de la frontière culturelle.

«  N’est-il pas naïf de vouloir représenter ce qui s’inscrit de manière si profonde dans une autre culture ? »

 Deuxième partie : Family’81

À l’ère des mails, skype et autres supports numériques, au cœur des frontières invisibles et franchissables de chez soi, Marjolijn est partie à la rencontre de personnes à travers le monde, nées comme elle en 1981. 

«  Tentative de saisir l’indéfectible chaine d’événements qui forme ce que l’on appelle l’histoire collective et au delà, l’histoire d’une génération »

Et dernière partie…

 Garry Davis

Souad, la libanaise, fait partie des rencontres de family’81. Il est des rencontres virtuelles qui doivent devenir palpables, le lien affectif nécessitant de pouvoir toucher l’autre, le respirer, le prendre dans ses bras… Souad décide d’aller à Rotterdam rendre visite à Marjoljin, elle n’obtient pas de visa. Comment détourner le système ? Garry Davis ( 1921-2013), acteur à Brodway dans son jeune temps, militant pacifiste, avait trouvé la solution en rendant son passeport américain en 1948 et en devenant le premier citoyen du monde. Marjolijn ira dans le Vermont, rencontrera le vieux monsieur qui toute sa vie a ignoré les frontières : « Si vous n’aimez pas la réalité, ne la combattez pas, créez en une nouvelle »

Paillettes, rideaux rouges, silhouette en carton de Garry Davis, confettis, « Imagine » de John Lennon, la  chanson préférée de Garry qu’il aimait fredonner et que la jeune femme à l’aide d’un yukulélé tentera de chanter (aussi faussement que Garry), sourire et regard moqueur. Elle et son passeport, refoulée à l’aéroport alors qu’elle veut rejoindre Souad au Liban, «  Citoyenne du monde », juste bon à faire du théâtre lui dira le policier. Drôle et kafkaïen.

Une quête pour la paix que nous avons envie de partager, envie d’y croire… Marjolijn Van Heemstra nous emmène dans une histoire humaine qui devrait être la nôtre… Du beau théâtre, ce soir, c’est joyeux, décalé et plein d’humour…

Le théâtre peut  donc faire avancer le monde ?

Et vous, Monsieur Davis, là où vous êtes depuis juillet dernier, vous pouvez nous dire s’il y a des frontières ?

Garry Davis
De et par Marjolijn van Heemstra
Jusqu’au 8 décembre à 20H

Maison des métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e
Métro : Couronnes –Parmentier
Réservation : 01 48 05 88 27
http://www.maisondesmetallos.org/
Rencontre vendredi 6 décembre à l’issue de la représentation avec Marjolijn van Heemstra et Cécile Poletti, déléguée nationale en région Île-de-France de la Cimade

 

 

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