Critique de Dominika Waszkiewicz

Place aux parents !

© Christophe Raynaud de Lage

Après avoir suivi, dans « La Table du fond » et « Silence », les pérégrinations de Sylvie Salin cherchant son fils Franck, nous assistons aux retrouvailles des parents. Nous sommes vendredi soir, Éric Salin rentre chez lui après une semaine de travail. Sylvie est assise derrière la baie vitrée et l’attend sans l’attendre dans un appartement miniature encastré dans un parallélépipède rectangle en plexiglas, déposé en avant-scène. Ainsi, nous sommes témoins de l’expérience humaine qui se déroule sous nos yeux et les comédiens jouent le rôle de cobayes. Le thème de ces travaux pratiques ? Le mariage, l’amour, la reconnaissance de l’autre. Éric ne sait rien de ce qui s’est passé durant son absence. Il ne sait pas que Franck, âgé de 13 ans, n’est pas rentré à la maison pendant trois jours et trois nuits. Maintenant, l’adolescent dort dans sa chambre. Mais, Sylvie va devoir expliquer les évènements de la semaine à son mari et, surtout, tenter de lui faire comprendre ses réactions à elle face au drame qu’elle a vécu. Ce drame qui l’a littéralement métamorphosée, qui lui a ouvert les yeux sur son fils et sur elle-même. Ce drame qui l’éloigne indubitablement de sa vie passée et de ce mari qui ne la reconnaît plus, qui ne l’a, certainement, jamais connue…

Douce déception

Ainsi, pendant une heure, les deux personnages se cherchent, se tournent autour, s’évitent et se rencontrent sur le balcon, hors de l’étouffant aquarium. Mais, où est la magie de cette poésie du quotidien présente dans les deux premiers volets ? Cette paroi de plastique transparent a-t-elle annihilé l’humble et chaude humanité que Nicole Choukroun et Stephan Pastor nous avaient communiquée dans « La Table du fond » et « Silence » ? Bien sûr, les sujets abordés ici par François Cervantes sont vrais et le spectateur peut se reconnaître dans certaines situations, certains silences comme lorsque le couple cherche à éviter l’inévitable confrontation en discourant sur la nécessité de renouveler l’ameublement. Futilités préliminaires aux aveux. Vaine fuite ! Mais, cela ne prend pas vraiment et l’émotion à peine éclose se fane sous la masse sclérosée des clichés sur le couple et sur l’amour. Peut-être le temps fera-t-il mûrir cette création qui, pour le moment, reste emmurée dans une forme, certes pertinente, mais qui manque encore de plasticité.

La Trilogie de Franck (La Table du fond, Silence, Le Soir)
Texte et mise en scène de François Cervantes
Régie générale : Christophe Bruyas et Guillaume Ledieu (Silence)
Avec : Nicole Choukroun et Stephan Pastor

Du 11 mai au 26 mai 2012

La Table du fond et Silence du 11 mai au 15 mai : mardi, vendredi et samedi à 21h, lundi à 19h30
Le Soir les 22 et 23 mai à 21h, le 24 à 19h30.
Intégrale les 25 et 26 mai à 19h30

Théâtre de Sartrouville et des Yvelines
Place Jacques Brel
78500 Sartrouville
Réservation : 01 30 86 77 79
www.theatre-sartrouville.com

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