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Critique •Festival Molière 2012 « Le corps du roi + Le malade imaginaire » de Molière par la Compagnie Molière Sorbonne

Mai 13, 2012 | Un commentaire sur Critique •Festival Molière 2012 « Le corps du roi + Le malade imaginaire » de Molière par la Compagnie Molière Sorbonne

Critique de Bruno Deslot

Robert de Sorbon producteur d’artistes talentueux !

© photo DR

A l’occasion du Festival Molière 2012, la Compagnie Molière Sorbonne a représenté Le Malade imaginaire au Couvent des Cordeliers. Un retour gagnant pour une compagnie pleine de talent.

Créée en 2009 à l’initiative de Michel Viel, la Compagnie Molière Sorbonne rassemble autour d’un même projet des membres, étudiants et personnels, de l’atelier de théâtre de l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV). A la suite du premier Festival Molière en juin 2010 au Couvent des Cordeliers (Paris), et de la représentation de deux farces de Molière, Le médecin volant et La jalousie du Barbouillé, une troupe indépendante se forme. Actuellement, deux metteurs en scène, Michèle Harfaut et Augustin Le Coutour, mettent leur énergie en commun au service de la troupe. De ce travail sont nés plusieurs spectacles, dans le cadre du Festival Molière organisé par le Service Culturel de l’Université.
Dernier projet en date, Le Malade imaginaire a été représenté en mai 2011 au Couvent des Cordeliers, puis au collège des Hauts Grillets de Saint-Germain-en-Laye le 20 mai 2011.

Saignées et clystères : le corps porté en gloire !


Depuis plus de mille ans que la monarchie existe en France, la question de la santé du roi et même plus généralement du corps du roi est au cœur de la vie publique. La République n’y a pas changé grand-chose. Malgré deux tentatives de dépersonnalisation du pouvoir (1879-1940 ; 1946-1958), le peuple a toujours préféré, sous l’Ancien Régime comme sous la République, une domination de type charismatique, fondée sur la présence physique du souverain, à une domination de type bureaucratique, fondée sur l’anonymat de la machine gouvernementale. L’insatiable curiosité du public pour la vie privée des Grands accentue encore cette tendance. C’est pourquoi un simple « pépin de santé » de Jacques Chirac est nécessairement un événement politique important. Paradoxalement, son séjour d’une semaine au Val-de-Grâce a confirmé que c’était bien lui le chef de l’État, et non Villepin, encore moins Sarkozy. Les Français ne s’y sont pas trompés : loin de l’affaiblir, sa maladie lui a valu huit points de popularité supplémentaires. Mitterrand moribond avait connu la même embellie : ce n’est pas seulement affaire de compassion, c’est affaire de légitimité. Nous sommes donc condamnés à vivre au gré de la santé des chefs de l’État !

Le corps du roi, recouvert d’un drap léger et blanc, allongé sur une table, est offert aux yeux du public et donne lieu à un rituel burlesque durant lequel les comédiens, portant tous un tablier blanc et un tee-shirt noir, s’affairent autour du moribond. Bien loin du prologue original du Malade imaginaire, cette introduction donne le ton et permet d’intégrer habilement l’ensemble des comédiens au projet artistique. Ils utilisent l’espace scénique dans le sens de la longueur de la salle du Couvent. Le public est donc face aux colonnes qui soutiennent et rythment la charpente du lieu. Le bâtiment se prête idéalement à la représentation plongée dans une semi-obscurité afin d’ajouter une dimension toujours plus intimiste et pudique aux différentes situations de cet homme se croyant mourant ! Antonin Darfeuil interprète un Argan mystérieux, possédé, emprunt aux doutes et à la douleur qui pourtant ne semblent jamais être vraiment réels. Avec force, conviction et talent, il porte la pièce à bout de bras enchaînant les visites médicales des médecins habillés en rats de laboratoire et les différends qui opposent ses proches. Phobies, lubies, obsessions, Argan est rongé par son imagination débordante nourrie par les conseils prodigués par Messieurs Purgon et Diafoirus. La direction d’acteurs est remarquable, chaque comédien met à profit son potentiel dramatique et propose au spectateur une partition riche et colorée dans laquelle chacun peut y trouver du plaisir.

On redécouvre Le Malade imaginaire interprété par une jeunesse pleine de talent dans un lieu fort d’une histoire chargée d’émotions.

Soirée Dissection
Le corps du roi
D’après le Journal du marquis de Dangeau
Et les Mémoires du duc de Saint-Simon

Mise en scène de Michèle Harfaut et Augustin Le Coutour
Avec Jean-Claude Mathern, Claire Barbuti, Eléonore Frayssignes, Juliette Gazet, Lise Pautrot, Camilla Pizzichillo, Marc Corolleur, Vincent Elbe, Enguerrand Lepère, Zorann Petrovici et Nicolas Macé

Le Malade Imaginaire
Avec  Antonin Darfeuil, Camille Rondeau Saint-Jean, Marion Souliman, Anne-Laure Brougalay, Sophie Béasse, Jérôme Garro, Martin Lecointe, Sidi Hamedi Traoré, Elio Possoz, Alexis Roda, Marie Anglade, Pierre Martel, Marion Tecquert, Virginie Lisbonne,
Création sonore de David Freiss
Costumes  de Anaïs Dautais-Warmel
Régie de Manuel Mayer

Du 8 au 12 mai 2012 à 19h30

Couvent des Cordeliers
16 rue de l’Ecole de Médecine 75006 Paris
Métro Odéon
www.culture.paris-sorbonne.fr/compagniemoliere
Réservation : 01 40 46 33 72 ou agenda-culture@paris-sorbonne.fr

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