critique Denis Sanglard

© Anne Gayan

Un Barrage contre le pacifique, l’éden cinéma de Marguerite Duras, mise en scène (?) par Juliette de Charnacé mit à rude épreuve les nerfs pourtant solides de votre humble chroniqueur et de pas mal de spectateurs incrédules. Certains, plus courageux, fuirent. Absence totale de mise en scène surtout. Il est toujours bon de lire les intentions du metteur en scène dans le dossier de presse. C’est très instructif, parfois. Entre les intentions exprimées, la vision d’une œuvre et la réalisation sur le plateau, il existe quelquefois un gouffre. Pour le coup, on a la rude impression que Juliette de Charnacé s’est contentée d’écrire sa mise en scène sans aucunement la réaliser. Sans rien réaliser même. On cherche en vain à quoi s’accrocher, rien à faire.

Dans une scénographie (?) qu’on tente également de décrypter, sans succès, les comédiens quasiment inaudibles déambulent en roue libre. Ils semblent errer sans but, livrés à eux-mêmes, débitant presque mécaniquement leur partition et c’est à peine si on entend le texte de Marguerite Duras. Et parce que Marguerite Duras écrit « Ils marchent en dansant », on fait esquisser de façon fort maladroite quelques pas de danse, glissés entre les répliques, de façon incongrue, incompréhensible… Il ne reste au final rien des personnages, de leur sauvagerie, de leur folie, dont on se désintéresse très vite. Il aurait fallut une direction d’acteur pour que les personnages aient une existence. Or là, comme l’ensemble de cette création, il n’y a rien, pas même de pâles reflets, d’esquisse amorcée. 

Cela se veut, toujours dans les intentions de la metteure en scène, une œuvre « méditative », « métaphysique », « lyrique ».  Ah ?!  Bon, admettons… Mais devant ce néant, la consternation et l’ennui surgissent au galop et le chroniqueur reste désarmé sinon perplexe devant tant de vacuité.  Allez donc faire un papier après ça… Mais s’il est vrai que la méditation demande de faire le vide absolu, de ce côté-là, c’est réussi.

Un Barrage contre le pacifique, l’éden Cinéma
De Marguerite Duras
Mise en scène de Juliette de Charnacé
Avec: Lola Creton, Julie Honoré, Florence Thomassin, Munkhtur, Wu Zheng
Musique: Ghédalia Tazartès
Scénographie et costumes: Goury
Lumières: Rémi Nicolas

Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Square de l’opéra Louis-Jouvet
7 rue Boudreau
75009 Paris

Du 6 au 22 mars 2014
Mardi 19h
Mercredi, jeudi, vendredi, samedi 20h
Dimanche 16 mars matinée exceptionnelle à 16h

Réservations 01 53 05 19 19

www.athenee-theatre.com

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