ƒƒ Critique Dominika Waszkiewicz
©Mummenschanz
Pour poursuivre la célébration de leur quarantième anniversaire, les acteurs du Mummenschanz repassent par la capitale.
Créée en 1972 à Paris, cette troupe issue de la réinvention du jeu de masques reste un emblème international du théâtre de gestes. Pantomime magique et universelle, les « Mummen » sont reconnaissables à leur poésie des formes. Des costumes surprenants, pratiquement aucun décor, des histoires troublantes de simplicité, et, surtout, le silence : voici quelques ingrédients de cette incomparable alchimie.
Images de rencontres, petit spectacle des sentiments
Entre l’invitation liminaire des géantes mains gantées de blanc, les spasmes métalliques des tuyaux monstrueux et les douces caresses échangées voluptueusement entre deux êtres de papier toilette, le public est convié à un formidable hymne à l’amour. De la graine qui cherche à s’élever aux visages-cerfs-volants qui se fuient en se gonflant du vent que provoque leur course éperdue, tout vibre et frissonne de vie.
Levant enfin les yeux de leurs portables ou autres tablettes, les enfants (et les autres !) écoutent, rient, reçoivent le monde qui leur est offert. Un monde simple pourtant, sans effets spéciaux, mais qui a le pouvoir de faire vivre les objets. Un monde qui fait palpiter la matière sans la résumer à un anthropomorphisme facile. Un monde qui nous émerveille du pouvoir de notre propre imagination. Voilà la véritable réalité augmentée !
Ce qui découle surtout de cet enchaînement de numéros est la jouissive perte de repères. Grâce à la sublime maîtrise des corps, l’espace se métamorphose en une grande cour de récréation. On goûte la magie de l’inattendu et on se laisse plaisamment embarqué de l’autre côté du miroir…
Un ensemble mythique et pas si poussiéreux que cela en somme.
Mais pourquoi les accueillir dans un lieu si peu adapté à leur production ? La disposition de la salle nous fait manquer de longs instants, pour peu que l’on soit placé un brin en hauteur. Et de quels termes désigner l’encadrement technique ? La lumière n’était pas calée le soir de la première. Un bruit effroyable dérangea ce merveilleux concert de silence. Et, je ne parle même pas du retard initial… C’est pas très pro tout ça !
MummenschanzLes musiciens du silence
Avec : Floriana Frasseto, Raffaella Mattioli, Pietro Montandon et Philipp Egli
Jusqu’au 26 mai 2013 – Du mardi au samedi à 20h
Dimanche à 16h Casino de Paris 16 rue de Clichy
75009 Paris
Métro : Trinité-d’Estienne d’Orves, Liège ou St-Lazare
Réservation : 08 926 98 926http://www.casinodeparis.fr/