Critiques // Critique • « Les 7 jours de Simon Labrosse. Si sa vie vous intéresse » par Cendre Chassanne au Lucernaire

Critique • « Les 7 jours de Simon Labrosse. Si sa vie vous intéresse » par Cendre Chassanne au Lucernaire

Juil 11, 2014 | Commentaires fermés sur Critique • « Les 7 jours de Simon Labrosse. Si sa vie vous intéresse » par Cendre Chassanne au Lucernaire

ƒƒ article de Denis Sanglard

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C’est le monde qu’est fucké !

Pauvre Simon ! Chômeur qui chaque jour tente de résister à la crise en inventant des petits boulots improbables, originaux certes mais voués immanquablement à l’échec. « Cascadeur émotif », « Finisseur de phrase », « Flatteur d’égo »… Et puis il y a Nathalie, celle partie en Afrique s’occuper des démunis et qui ne répond jamais aux messages de Simon tout aussi démuni devant ce silence incompréhensible. Simon décide de nous raconter sa vie de galérien. Mais une vie c’est bien long, 7 jours suffiront bien. Et pour l’accompagner dans ses aventures, Léo le poète et Nathalie – parce dans le monde de Simon toutes les filles s’appellent Nathalie – folle de son corps intérieur, improviseront tous les autres rôles. Les 7 jours de Simon Labrosse, c’est l’épopée de trois paumés qui vent debout s’inventent une vie rêvée et luttent sans désespérer dans l’urgence et contre la précarité.

C’est un hymne à l’invention perpétuelle de soi. Une ode à la résistance quand tout fout le camp, tout vous échappe et que le proprio et les huissiers frappent à la porte. Rien de triste non plus. C’est drôle, tendre. C’est doux amer. Carole Fréchette est québécoise et sa langue a cet exotisme que l’on aime chez nos cousins québécois. Une langue colorée, imagée, poétique. Un verbe démonstratif en diable… Ça date de 1999 et pourtant c’est d’une actualité terrible. Rien de pesant pour autant. Non, c’est léger et d’un optimisme à tout crin malgré les fissures qui finissent par apparaître et déborder. Ça craque bientôt de toutes parts, ça prend l’eau et les rats quittent le navire, mais Simon est indécrottable. Simon c’est Laurent Levy. Un sacré Ludion attachant qui vous embarque dans cette aventure avec une énergie qui semble increvable. C’est un Zébulon alerte qui mène tout son petit monde – et nous avec – avec une rage et un optimisme sans faille. Malgré tout Laurent Levy fait apparaître quelques tendres fêlures donnant à son personnage une jolie sensibilité, une écorchure qui lui offre une gravité soudaine. Et rappelle le contexte, le marasme général dans lequel Simon est plongé. Ces deux acolytes ne déméritent guère. Philippe Saunier est un Léo buté, bourru, ours tendre malgré son handicap qui lui empêche de voir la vie en rose et Nathalie Bitan est une Nathalie frappée mais certes pas au coin du bon sens. La mise en scène de Cendre Chassanne ne perd pas de temps. Plateau quasi nu, accessoires de bric et de broc, c’est clair et net, fluide et le tempo donné est vif. Ça va vite en effet. La parole circule à vive allure, le plateau est parcouru au pas de charge. Mais la langue de Carole Fréchette et son propos brûlant y trouvent curieusement leur compte. Cendre Chassanne ne s’appesantit guère en effet, n’appuie rien ou bien délicatement et ça fait mouche. « C’est le monde qu’est fucké ! » clame Simon. On ne saurait mieux dire. Mais les héros sont aussi fatigués parfois. Et que fit Simon au 7ème jour ? Il se reposa.

Les 7 jours de Simon Labrosse. Si sa vie vous intéresse.
Texte : Carole Fréchette
Mise en scène : Cendre Chassanne
Scénographie, costumes : Cendre Chassanne
Assistant scénographie : Jean-Baptiste Gillet et Oscar Gillet
Lumière : Sébastien Choriol
Extrait vidéo : Dead SEEquences de Fabien Scacchioli
Avec : Nathalie Bitan, Laurent Levy, Philippe Saunier

Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs
75006 Paris

Du mercredi 9 juillet au Samedi 20 septembre 2014
Du mardi au samedi à 20h

Réservations 01 45 44 57 34
www.lucernaire.fr

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