Critiques // Critique • « Madame de… Vilmorin » d’après les entretiens menés par André Parinaud, au Théâtre du Lucernaire

Critique • « Madame de… Vilmorin » d’après les entretiens menés par André Parinaud, au Théâtre du Lucernaire

Juil 13, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • « Madame de… Vilmorin » d’après les entretiens menés par André Parinaud, au Théâtre du Lucernaire

Critique de Dominika Waszkiewicz

Un monologue mondain


Au théâtre noir du Lucernaire, Coralie Seyrig et Annick Le Goff nous invitent à pénétrer un peu de l’intimité brillante et sensuelle de Louise de Vilmorin. À partir des réponses que cette dernière a faites au journaliste André Parinaud en 1957, nous entrons dans la vie privée d’une femme libre et passionnée, « superficielle et distinguée », fascinante de paradoxes et de légèreté.

Nous sommes dans un petit salon de la demeure familiale de Verrières-le-Buisson. Il y a un fauteuil crapaud vert d’eau avec sa méridienne assortie, un piano droit flanqué de son tabouret à coussin lie-de-vin et pompons dorés.

La femme raconte et fume. Elle narre, du bout de ses lèvres gourmandes, ses amitiés et ses amours, ses rêves et ses désillusions. Le tout avec une nonchalance savamment feinte et subtilement candide. Des noms accompagnent les volutes qui montent vers nous : Malraux, Cocteau, Gallimard, Saint-Exupéry, etc.

« S’ennuyer pour rien est pire que de s’amuser pour rien »

Oui, le matériau biographique tente assurément et le portrait de cette femme hors du commun ne peut laisser indifférent. Alors, d’où vient que le temps (1h20) semble si lent à passer en cette délicieuse compagnie ? Le travail d’incarnation ne nous convainc-t-il pas ? Ne nous voyons-nous pas transportés à un autre époque, en un autre lieu ? Si, pourtant. Nous nous surprenons même parfois à confondre allégrement le modèle et la comédienne et notre attention s’en trouve, à chaque fois, un brin ragaillardie.

Alors, pourquoi cet ennui, ces langueurs ? Malgré la qualité du travail fourni par Coralie Seyrig et Annick Le Goff, la forme nous pèse et cette femme seule, au milieu de son luxe quotidien, ne nous touche pas. Bien au contraire : le personnage nous parait froid et calculateur (« L’argent me ruine ») et nous oublions la douce et spleenétique candeur de la femme de lettres aux yeux perpétuellement mobiles et aux mines de petite fille taquine. L’ensemble manque d’ingénuité et le résultat reste une bien petite chose, en somme. Et lisse. Et sage. À peine plus qu’une lecture dans un boudoir. Non point désagréable mais si peu à la hauteur du personnage auquel on veut, ici, rendre hommage.

« Madame de… Vilmorin »
Adaptation et mise en scène : Annick Le Goff et Coralie Seyrig
Collaboration artistique : Christine Dejoux
Costumes : Anu Gould
Lumières : Franck Thévenon
Avec : Coralie Seyrig

Du 4 juillet au 30 septembre 2012 – Du mardi au samedi à 21h30 -Dimanches 16, 23 et 30 septembre

Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame des champs
75006 PARIS
Tél : 01 42 22 26 50
Métro Vavin ou Notre-Dame des champs
www.lucernaire.com

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