© Alejandro Guererro

ƒƒƒ Article de Rachelle Dhéry

Cinq tabourets noirs, deux portants à costumes, un peu de fumée et, avec Alexis Michalik, le tour est joué… Les comédiens entrent progressivement en scène et s’installent en silence, observent le public, souriants, d’un air affable, vêtus d’un simple haut blanc et d’un pantalon noir, pieds nus. Au fond de la scène, un tableau noir à craie qui servira aussi de coulisses pour les multiples changements de costumes auxquels nous allons bientôt assister.

Ils nous invitent ensuite subrepticement à entrer dans leur univers, en nous posant quelques questions fondamentales : « Qu’est-ce qu’une histoire ? », « L’importance du récit ? », « L’histoire avec un grand H » ou le « Fait divers. » La vie est-elle fiction ou réalité ? Où s’arrête la réalité et où commence la fiction ? Mais surtout, qu’est-ce qu’une histoire ? La Bible ne serait-elle qu’une compilation de récits ? Y-a-t-il une part de vécu dans les romans, les contes ? Et si la vérité se cachait dans les grands livres de l’Histoire comme L’Iliade ou L’Odyssée ? Et, sans même nous en rendre compte, c’est leur propre histoire qui commence, laquelle, loin d’être linéaire, ressemble plus à un périple effréné à travers le temps, toujours plus loin dans le passé, pour atteindre le but ultime de cette quête : la vérité, leur vérité.

Par une nuit pluvieuse, au fin fond des Ardennes, Martin Martin doit enterrer son père. Il est alors loin d’imaginer que la découverte d’un carnet manuscrit va l’entraîner dans une quête vertigineuse à travers l’Histoire et les continents, dans une chasse au trésor atypique. Quinze ans plus tard, au cœur du désert algérien, une mère et sa fille disparaissent mystérieusement.

Comme un road-movie théâtral, un conte moderne, un roman haletant, Le Porteur d’histoire est une perle dans le désert, une respiration après l’étouffement, un spectacle à la fois riche et passionnant, entraînant et envoûtant, drôle et émouvant, qui ne peut que plaire, à tout âge, à toute condition sociale, tant par sa modernité que par le traitement et la beauté du texte. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce défilé tourbillonnaire de personnages attachants, touchants et intenses, comme Martin Martin et son frère, Alia et sa fille ou Adélaïde. Le temps d’une soirée, nous avons aussi le plaisir de côtoyer Delacroix, Dumas père et fils et même Marie-Antoinette !

Un grand BRAVO à toute l’équipe artistique et technique. Tout est beau, poétique, fluide. Les comédiens sont excellents, servis par une mise en scène efficace et un texte parfait, habilement mis en lumière et en musique, dans une scénographie impeccable.

Une belle invitation à l’imaginaire, un magnifique hommage à l’univers des mots, cette « chasse au trésor littéraire » est un spectacle d’une intelligence rare. Ne le manquez pas !

© Alejandro Guererro

Le Porteur d’Histoire, de et mis en scène par Alexis Michalik

Assistante à la mise en scène Camille Blouet
Lumières & régie générale Anaïs Souquet
Costumes Marion Rebmann
Clément Laruelle
Musique Originale Manuel Peskin

Avec en alternance : Fadila Belkebla, Justin Blanckaert, Patrick Blandin, Emilie Blon Metzinger, Mounya Boudiaf, Vanessa Cailhol, Stéphanie Caillol, Amaury de Crayencour, Vincent Deniard, Pauline Deshons, Magali Genoud, Walter Hotton, Julien Jacob, Daniel Njo Lobé, Michaël Maino, Julia Le Faou, Aymeric Lecerf, Charles Lelaure, César Méric, Justine Moulinier, Pauline Paolini, Benjamin Penamaria, Lison Pennec, Aurélia Poirier, Michel Scotto di Carlo, Kevin Sinesi, Marica Soyer, Régis Vallée, Ysmahane Yaqini

Du 6 octobre au 13 novembre 2020

Du mardi au samedi à 20 h 30
Matinée le samedi à 18 h

Durée : 1 h 40

Théâtre des Béliers Parisiens
14 bis rue Sainte-Isaure
75018 Paris

www.theatredesbeliersparisiens.com

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