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Critique. « Puce », d’après « La petite poucette » d’Andersen, adapté par Manon Thorel

Mai 07, 2012 | Aucun commentaire sur Critique. « Puce », d’après « La petite poucette » d’Andersen, adapté par Manon Thorel

Critique de Rachelle Dhéry

Il était une fois une femme, Ylang – Ylang, qui vivait au cœur d’une forêt où aucune fleur ne poussait depuis des années… Cette femme n’aimait personne et personne ne l’aimait… Pour être enfin aimée, elle décida d’avoir un enfant. Elle alla voir le grand mage, qui vit tout en haut de la montagne, et qui lui offrit une graine. De cette graine poussa une fleur unique et magnifique, et lorsqu’elle s’ouvrit, une jeune fille toute petite et toute mignonne en sortit. Mais Puceron, qui sentait divinement bon, fut rejetée par sa mère, qui l’abandonna. Pourquoi ? L’histoire nous le dira…

Un voyage dans un conte musical pour petits et grands

Si vous cherchiez à découvrir ou redécouvrir « Poucette », passez votre chemin. Loin du conte originel, mais proche de l’univers d’Andersen, le texte, très beau et très poétique, redessine complètement les aventures et même le fond  de l’histoire, mais tout en conservant sa « musicalité ». Ici, il ne s’agit pas tant de la « beauté », mais de « l’odeur » de cette petite fille, et « la quête de l’identité » remplace « la quête de l’acceptation de soi ». La mère est devenue haineuse, et son rôle, dans l’histoire, a beaucoup plus d’importance que dans le conte de base. Le vocabulaire, riche, peut être parfois difficile à appréhender pour les plus petits. L’écriture à plusieurs degrés permet aux adultes de ne pas s’ennuyer une seule seconde. Et dans cette adaptation, les comédiennes en profitent pour aborder quelques facettes des insectes et autres petits animaux.

Un univers poétique, drôle et mélancolique

Sur scène sont disposés en triptyque, trois panneaux aux ambiances différentes : au centre une montagne, à jardin, une forêt automnale et à cour un autre paysage. Ces supports dévoilent au fil de l’histoire des éléments nouveaux et suffisamment évocateurs pour nous embarquer au cœur de l’imaginaire du conte. De manière générale, les costumes et accessoires sont très drôles et astucieux. Sans oublier le rôle des lumières, belles et adéquates. Et quand les fleurs apparaissent par magie à la fin, c’est d’une telle poésie et un vrai régal pour les yeux. Bravo à la scénographie ! Mais ce qui fait vraiment la force de ce spectacle, c’est un stand musical incroyable, à cour, riche en instruments plus beaux les uns que les autres. Une vielle à roue, une harpe, un ukulélé, une flûte traversière, un balafon, des percussions, et une surprise de taille : un soubassophone ! Pour les petits, comme pour les plus grands, c’est un régal à voir et à entendre. Christine Cousse, multi-instrumentiste, chanteuse et comédienne, se balade aisément tout au long de l’histoire. Des chants en onomatopées pour incarner Crapetieau le crapaud, à une très belle reprise à la harpe de « Voyage, voyage », en passant par une très jolie chanson de l’oiseau. C’est tout un univers musical qui s’offre à nous. Toutefois, la musique essentiellement en mode mineur entraîne l’ambiance générale dans la mélancolie, ce qui est en soi, un très bel hommage à la « musicalité » des contes d’Andersen, mais qui a pour conséquence d’étouffer la drôlerie de certaines situations, et peut-être, d’être moins attrayant pour les plus jeunes.

Les deux comédiennes sont excellentes et s’en sortent à merveille dans l’incarnation de tous les personnages, en changeant leurs voix et leurs costumes, elles sont d’une crédibilité déconcertante et passent sans problème de Puceron à Bernard L’Hermite le Homard, Miss Anémone de Mer ou la fourmi, ou la taupe aveugle clownesque qui se cogne partout. Les enfants peuvent aisément imaginer qu’il y a une dizaine d’acteurs en coulisses !

Puce, d’après « La petite poucette » d’Andersen, adapté par Manon Thorel
Mise en scène de Charlotte Dupuydenus
Avec Christine Cousse, Manon Thorel
Costumes de Aurélia Maury
Décor de Mathilde Calba
Musique de Christine Cousse
Jusqu’au 7 juillet 2012, les mercredis et samedis à 14h30.
Réservation :  01 43 55 14 80
A La Folie Théâtre
6, rue de la Folie Méricourt
75011 Paris
Métro : Saint Ambroise – Richard Lenoir
http://www.folietheatre.com

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