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Critique . « Loin de Corpus Christi ». Mise en scène de Jacques Lassalle, aux Abbesses.

Sep 24, 2012 | Commentaires fermés sur Critique . « Loin de Corpus Christi ». Mise en scène de Jacques Lassalle, aux Abbesses.

Critique de Solveig Deschamps

Corpus Christi

Christophe Pellet (diplômé de la FEMIS, réalisateur et auteur de théâtre) nous raconte le parcours de deux femmes : Norma,  jeune directrice de casting à la Metro GoldwynMayer à l’époque du maccarthisme, elle suivra Bertolt Brecht à Berlin, donnant des cours d’anglais en cachette, surveillée par la Stasi et Anne, chargée de recherche à la cinémathèque française dans les années 2000, qui va découvrir Richard Hart en visionnant « Green Dolphin Street » et en  avoir la vie bouleversée. Entre personnages fictifsou réels commeceux de Brecht et deRichard Hart, jeune homme originaire de Providence, que l’auteur fait arriver de Corpus Christi, ville portuaire du Texas, peut-être y a-t-il vécu, à moins que…

© Marc Ginot – merci à la Cinémathèque française

« Je dois rendre des comptes, comme je rendais des comptes à Dieu dans la petite église du district. Je lève les yeux au ciel: le ciel, si pur à Corpus Christi, est ici emprisonné. »Dit-il

Hart rêve de cinéma, débarque à Hollywood en 1945, jouera quatre films et mourra prématurément d’une crise cardiaque. Hart côtoie Bertolt Brecht alors âgé de cinquante ans, exilé pour échapper au régime nazi, Norma (personnage fictif) et Brecht sont amis, Norma et Hart sont amants…

Un texte qui laisse perplexe. Une première partie très linéaire, interminable, on s’accroche, on décroche, on entend des petites choses sur « la chasse aux sorcières », sur Hollywood et son miroir aux alouettes, sur le  Bertolt Brecht de cette époque, et aussi sur l’engagement politique, les prises de risque de ces hommes et femmes réunis dans cette fabrique à images en carton-pâte, sur les délateurs, la suspicion, l’anticommunisme… Mais les mots semblent imperméables, sans émotion… On hésite à l’entracte, rester ou ne pas rester. On reste. On assiste à une deuxième partie dramatico-romantico-politico-tarabiscoté.On se raccroche à l’idée que c’est fait exprès pour ressembler à un mauvais film hollywoodien avec plein de bons acteurs et un réalisateur de renom. Une idée des producteurs ?

© Marc Ginot – merci à la Cinémathèque française

Pourquoi ?

Heureusement on ne peut pas échapper au savoir–faire et à l’intelligence quand on s’appelle Jacques Lassalle (fondateur du Studio-Théâtre de Vitry, directeur du TNS puis de 1990 à1993 administrateur général du Français…). Marianne Basler (Norma) est décidément une excellente comédienne, Bernard Bloch incarne un Bertolt Brecht d’une ressemblance saisissante, Sophie Tellier (Anne) a bien du courage d’endosser ce rôle de femme pathétique qui nous éreinte. Le décor à la Hopper,  salle de cinéma aux fauteuils rouges où sont projetés des extraits de filmsdans lesquels jouaient Richard Hart fonctionne bien, les costumes sont efficaces.Mais pourquoi avoir choisi ce texte ?

En sortant du théâtre, je crois que j’étais en colère.

Loin de Corpus Christi

De Christophe Pellet

Mise en scène de Jacques Lassalle
Assisté de Julien Bal
Scénographie de Catherine Rankl
Lumières de Franck Thévenon
Costumes d’Arielle Chanty
Bande-son deDaniel Girard & Serge Monségu
Images de Serge Monségu
Avec Marianne Basler, Annick Le Goff, Sophie Tellier, Tania Torrens, Julien Bal, Bernard Bloch, Brice Hillairet et la voix de Sarah Tick

Du 21 septembre au 6 octobre 2012- Du mardi au samedi à 20h30- Dimanche 15h

Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses Paris 18
Métro:Abbesses-Pigalle

www.theatredelaville-paris.com

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