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Critique. « Les Estivants » de Maxime Gorki avec tg STAN, au Théâtre Bastille

Nov 01, 2012 | Aucun commentaire sur Critique. « Les Estivants » de Maxime Gorki avec tg STAN, au Théâtre Bastille

ƒƒ Critique Dashiell Donello

Zomergasten kleur 2 © Tim Wouters-1

Donner des rêves à l’âme

En prologue de la rencontre avec tg STAN, l’ombre tangue dans un ballet clair-obscur que font danser des lampes torches mag-lite. Elles sculptent le théâtre de mille promesses. Le collectif anversois est bien là pour nous. Il nous attend avec jubilation et gourmandise. Une fois les lampes éteintes, la braise du cigare d’un comédien/personnage semble déjà annoncer la liberté, l’imprévu et le fortuit. Fini la dictature de la convention théâtrale ! On marche sur le fil du rasoir et tant pis pour la blessure. Avec tg STAN le metteur en scène est mort, comme le dieu de Nietzsche. Alors, vive la mise en scène de l’anarchie hétéroclite ! En évitant bien sûr de ne pas créer une autre convention.

C’est avec « Les estivants » de Maxime Gorki (1868-1936) que le collectif  tg STAN a choisi de « risquer » son amour du théâtre. Car ces funambules de la scène sont toujours à la frontière de la chute. Gorki, qui voulait donner des rêves à l’âme, est en leur cœur et se prolonge dans leur histoire.

Les Estivants (1904) est écrit au moment de l’avènement de la bourgeoisie russe. C’est le début du siècle, c’est le développement intellectuel des classes moyennes. Aujourd’hui il y a évidement plus d’intellectuels qui sont liés avec les classes ouvrières. On garde donc quatre-vingt-dix pour cent du texte original et on adapte un peu le reste, nous dit Frank Vercruyssen.

L’œuvre de Gorki est clairement politique.  Il a été sympathisant du mouvement social-démocrate marxiste dans sa jeunesse, et s’opposait au régime tsariste, ce qui lui valut de nombreuses arrestations. Mais ses relations avec les communistes se dégraderont par la suite. Il aura la vision de nouveaux tsars dans les habits du communiste.

C’est un théâtre brut et convivial que nous offre à voir tg STAN

Pour résumer les Estivants un peu d’été. Un couple. Une résidence secondaire, et l’attente de l’arrivée de l’écrivain Chalimov. Mais rien n’est simple chez les bourgeois et les confrontations qui vont naitre entre tous les protagonistes vont modifier le comportement de chacun.

On est à la fête. On rit et l’on est en permanence dans l’action et le jeu. C’est brut et convivial. Mais rien ne se perd sur le regard de la matière humaine des personnages de Gorki. Le choix de la pièce Les Estivants, découle de nombreuse lectures qui ont mises à jour les thèmes chers à l’engagement de tg STAN : la vie, la solitude des êtres, la politique et l’amour de l’erreur humaine. Il fallait donc Gorki. En voilà un qui ne va pas par quatre chemins pour représenter une bourgeoisie oisive. Le vide de l’espace limité de ses personnages dans leur petit monde se manifeste dans d’interminables palabres. Ils errent dans la vie,  sans se reconnaître dans la masse de leurs semblables. Leur velléité de tenter de se connaître est l’excuse de ce quotidien du rien. La critique de Gorki envers cette classe sociale est troublante quand on sait qu’octobre 1917 signera leur arrêt.

La scénographie est un bric-à-brac de vide grenier et cela dure une demi-heure de trop, mais on s’en fiche. Bien enveloppé dans l’accent flamand et les petites fourches de langage. On est bien au chaud devant l’âtre de leur théâtre. Tg STAN c’est surtout de formidables comédiens qui se dédoublent. Ils sont dans leur humanité quand ils jouent, et dans leur vie quand ils sont personnages. Cela n’est pas donné à tout le monde.

Festival d’Automne à Paris
41ème édition

Les Estivants de Maxime Gorki
De et avec Robby Cleiren, Jolente De Keersmaeker, Sara De Roo, Damiaan De Schrijver, Tine Embrechts, Bert Haelvoet, Minke Kruyver, Frank Vercruyssen et Hilde Wils
Costumes, Ann D’Huys
Lumière, Clive Mitchell
30 octobre au 17 novembre 21h,
Relâche dimanche, lundi 5 vendredi 9 et mercredi 14 novembre
20€ et 27€, Abonnement 18€
Durée estimée : 2h30
Théâtre de la Bastille
76, rue de la Roquette – 75011 Paris
Métro : Bastille, Voltaire, Bréguet-Sabin
Réservation : par téléphone et sur place
du lundi au vendredi de 10h à 18h
le samedi de 14h à 18h, 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com
http://www.festival-automne.com/a-la-une.html

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