Critiques // Critique ・ «  El Pasado es un animal grotesco » de Mariano Pensotti, à la Colline

Critique ・ «  El Pasado es un animal grotesco » de Mariano Pensotti, à la Colline

Déc 11, 2013 | Aucun commentaire sur Critique ・ «  El Pasado es un animal grotesco » de Mariano Pensotti, à la Colline

ƒƒ Article Camille Hazard

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©DR

Un manège qui ne cesse de tourner, quatre comédiens qui (re)jouent leur vie devant nous ; des moments historiques, des moments intimes, bienvenue à Buenos Aires. 

Dans ce spectacle de Mariano Pensotti, Santiago Gobernori, Javier Lorenzo, Laura Paredes et Maria Ines Sancerni, interprètent à eux quatre, la vie d’une dizaine de personnages trentenaires entre 1999 et 2009.

Compartimenté en quatre, le manège diminue ou augmente sa vitesse selon les besoins narratifs, comme une bobine de film que l’on passerait plus ou moins vite selon nos souvenirs…mais jamais le manège ne s’arrête, il tourne, il tourne tel un praxinoscope au début du siècle.

Le spectacle est d’une grande richesse dans son exploration humaine ; il y a tout d’abord cette frontière que l’on distingue assez mal entre le réel et la fiction. Notre perception que l’on croit juste mais qui est entièrement basée sur du faux, de la fiction qui au contraire aide à construire notre réalité, notre image qui, passée entre différentes mains, ne se ressemble plus du tout…puis on comprend comment des faits publics, historiques, qui n’appartiennent à personne, nous influence finalement au plus profond de nous-même.

Certaines branches de vie se déroulent en Argentine, tout en passant par Paris, puis on rencontre un gazzaoui devenu vidéaste, un homme qui reçoit une main tranchée un beau matin chez lui…autant d’histoires qui permettent une vue très large de l’humanité dans toute sa variété et sa complexité.

« Nous sommes faits de récits. Nous sommes ce que nous racontons de nous-mêmes.»

S’il y a beaucoup de références cinématographiques dans le spectacle de M. Pensotti, c’est sans doute parce qu’il a débuté sa carrière artistique comme scénariste et réalisateur. Ce qui l’intéresse dans la relation cinéma-théâtre c’est : « la tension entre l’éphémère et le durable.»

Mais ce texte si littéraire et un tantinet bavard, ne serait rien sans cette vie sur le plateau. La mise en scène pour le moins audacieuse, parvient à emmener les acteurs au bout du texte ! Il n’y a quasiment aucun silence entre le début et la fin du spectacle ; les scènes se déroulent sans interruption avec un narrateur qui fait le relais entre la micro scène et le public. Ce narrateur change constamment de rôle comme les personnages. Parfois omniscient, on le retrouve partie prenante d’une histoire, il brise notre perception ou aide à une compréhension globale. Les acteurs déploient une énergie assez inhabituelle au théâtre en France. Pas de jeu psychologique, pas d’introspection nombriliste, mais du jeu, du souffle et surtout de l’en(vie) ! Le spectacle passe comme une bourrasque et lorsque le manège s’arrête enfin de tourner, on entend encore résonner les voix d’un passé proche.

 

El Pasado es un animal grotesco
Texte et mise en scène : Mariano Pensotti
Scénographie et costumes : Mariana Tirantte
Création lumière : Matías Sendón
Musique : Diego Vainer
Assistant à la mise en scène : Leandro Orellano
Avec : Santiago Gobernori, Javier Lorenzo, Laura Paredes, Maria Ines Sancerni

Du 4 au 8 décembre 2013
Du mercredi 4 au vendredi 6 à 20h30, le samedi 7 à 15h30 et 20h30, et le dimanche 8 à 15h30

Théâtre National de la Colline
15, rue Malte-Brun 75020 Paris
M° Gambetta
Réservations au 01 44 62 52 52
www.colline.fr
Du même auteur et metteur scène : Cineastas
Mercredi 11 au samedi 14 décembre 2013 au théâtre National de la Colline.

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