Critiques // Critique ・ « Antigone » de Valeria Parrella, mise en scène Luca De Fusco, au théâtre National de Chaillot

Critique ・ « Antigone » de Valeria Parrella, mise en scène Luca De Fusco, au théâtre National de Chaillot

Déc 04, 2013 | Aucun commentaire sur Critique ・ « Antigone » de Valeria Parrella, mise en scène Luca De Fusco, au théâtre National de Chaillot

Critique Camille Hazard

Gaia Aprea in Antigone 3

© Gaia Aprea in Antigone

Une chose étrange, inqualifiable s’est produite ce soir, premier jour des représentations d’Antigone à Chaillot. La salle s’est remplie, les lumières se sont éteintes, le spectacle a commencé, tout le protocole du spectacle vivant s’est déroulé comme d’habitude, pourtant nous sommes restés complètement en dehors de tout théâtre pendant l’heure et demie de représentation. Une sensation désagréable, puis très vite ennuyeuse, s’est emparée de nous ; celle d’être mis à l’écart, celle d’être définitivement oubliés par les comédiens. Comble pour le public qui vient assister à un spectacle !

Au commencement, le parti pris de confronter Antigone à la question de l’euthanasie 

La volonté  du metteur en scène italien Luca De Fusco, de mélanger théâtre et cinéma était une idée intéressante ; elle permettait de jouer sur les regards, sur la confrontation du théâtre brut, antique, sacré et les possibilités technologiques qu’offre une caméra qui filme un visage…Mais le procédé devient rapidement systématique : les protagonistes sont continuellement filmés en gros plans, dans une immobilité figée. Ces visages sont projetés sur un voile entre le plateau et le public, renforçant le sentiment de coupure entre les situations scéniques et la salle. Pour chaque scène, les comédiens déjà présents sur le plateau, immobiles, énoncent un texte didactique sans passion. Si le texte jongle entre un vocable teinté d’antique et de sacré et des termes politico sociaux actuels, il devient très vite indigeste par son côté pédagogique et sentencieux ; les phrases tombent comme des couperets sur la vie.

Phrases choc en perfusion

L’intention de mêler Antigone à la question sociétale de l’euthanasie aurait pu être pertinente si cette question précise ouvrait le spectacle jusqu’à déborder sur les personnages tragiques, non l’inverse. L’incursion de problématiques modernes, appuyées par le jeu et le texte de Valeria Parrela ne font qu’affaiblir Antigone. Enfin, les comédiens font de leur mieux pour jouer, parfois jusqu’à lâcher une larme, projetée en gros plan, mais ne parviennent pas à nous aspirer dans leur histoire. Une musique très lisse, d’ambiance lounge, appuie les scènes comme pour soutenir le jeu sans passion des comédiens, mais quel sens a-t-elle ??

Ballottés entre installations et performances, nous n’aurons pas vu Antigone ce soir

A la sortie du spectacle, un pot était organisé pour la compagnie et des artistes extérieurs. Chroniqueuses, comédiennes…dévorées par l’envie de poser des questions sur ce travail, nous avons demandé à participer à cette rencontre impromptue. Mais l’idée d’échange n’était pas de mise ce soir au théâtre de Chaillot…

Antigone
De : Valeria Parrella
Traduction du texte en français : Dominique Vittoz
Mise en scène : Luca De Fusco
Avec : Gaia Aprea, Anita Bartolucci, Gianluca Musiu, Giacinto Palmarini, Alfonso Postiglione, Nunzia Schiano, Paolo Serra, Dalal Suleiman
Scénographie : Maurizio Balò
Costumes : Zaira de Vincentiis
Lumières : Gigi Saccomandi
Musique originale : Ran Bagno
Assistante à la mise en scène : Alessandra Felli
Assistant à la scénographie : Davide Amadei
Assistante aux costumes : Marianna Carbone
Chorégraphies aériennes : Maria Teresa Cesaroni
Maquillage : Vincenzo Cucchiara
Surtitrage en français : Luca Delgado

Du 27 au 29 novembre 2013 (tous les jours à 20h30)

Théâtre National de Chaillot
1, Place du Trocadéro
75016 Paris

http://theatre-chaillot.fr

 

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