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Critique • « Un Singe en Hiver » au Théâtre de Paris

Mar 11, 2014 | Aucun commentaire sur Critique • « Un Singe en Hiver » au Théâtre de Paris

ƒƒ critique Rachelle Dhéry

f3f3f221b07843cb51bd4b63496b4a7d© Céline Nieszawer

« Dis-toi bien que si quelque chose devait me manquer, ce ne serait plus le vin, ce serait l’ivresse ! »

Issue de la plume d’Antoine Blondin en 1959 et adaptée au cinéma par Henri Verneuil en 1962, l’histoire d’ « Un Singe en Hiver » a pour cadre Tigreville, petite ville du Calvados. Une nuit de l’automne 1960, un jeune voyageur porté sur la boisson, Gabriel Fouquet, se présente à l’hôtel Stella, tenu par Albert Quentin, ancien seigneur de la cuite, désormais sobre depuis quinze ans. D’abord méfiant, Quentin se reconnaîtra rapidement en Fouquet et ces deux orphelins se retrouveront tour à tour dans les rôles de camarades de beuverie, d’amis, de père et fils. Naîtra alors une amitié d’homme, animée par l’art de s’enivrer, les voyages et la peur de l’ennui.

« Savez-vous à qui vous me faites penser ? A un de ces singes égarés comme on en rencontre en Orient au moment des premiers froids. »

Une amitié d’homme qui, logiquement, fait la part belle aux rôles masculins. Ainsi, et même si l’on sent qu’il n’a pas encore pris toute la mesure de son personnage, Eddy Mitchell distille avec une force tranquille les répliques cinglantes et cultes d’Audiard. Notons aussi que les rôles secondaires sont excellents : Stéphan Wojtowicz (Esnault), en petit tenancier de bar, lui-même alcoolique notoire et Gérard Loussine (Landru) en commerçant lubrique, sont hilarants. Mais le coup de cœur est incontestablement Fred Testot qui prouve que le talent qu’on lui prêtait à la télévision et au cinéma n’était pas usurpé. Toujours juste et précis, il apporte, malgré quelques mimétismes vocaux de Belmondo, sur le rôle de Gabriel Fouquet, une profondeur et une mélancolie à son personnage sans en altérer l’humour.

Côté scène, trois plateaux naturalistes et élégants (Hôtel Stella, Café normand et Café chinois) se succèdent pour planter l’histoire et offrir aux excellents dialogues aussi bien qu’à l’histoire écrite par Antoine Blondin, le premier rôle. D’ailleurs, toute la mise en scène, simple mais efficace de Stéphane Hillel, rend incontestablement hommage au très bon travail d’adaptation de Stéphan Wojtowicz qui a relevé ici le défi de calibrer cet ouvrage et ce monument du cinéma français pour le Théâtre de Paris, quitte à transformer certains passages cultes.

Cette adaptation d’Un Singe en Hiver tient ses promesses, les rires sont nombreux et nous prenons plaisir à voyager avec les deux protagonistes dans leurs pérégrinations en Espagne et en Chine, en passant par le Calvados.

 

Un Singe en Hiver
Mise en scène : Stéphane Hillel (assisté de Brigitte Villanueva & Emmanuelle Tachoires)
Avec : Eddy Mitchell, Fred Testot, Evelyne Dandry, Gérard Loussine, Chloé Simoneau, Stéphan Wojtowicz
D’après le film réalisé par : Henri Verneuil
Dialogues : Michel Audiard
Adaptation : François Boyer
Tiré du roman de : Antoine Blondin
Adaptation théâtrale : Stéphan Wojtowicz
Lumières : Laurent Béal
Scénographie : Edouard Laug
Costumes : Brigitte Faur-Perdigou
Musique : Michel Gaucher
Illustration sonore : François Peyrony

Durée : 1h45
Représentations :
Du mardi au samedi à 20h30
Le samedi à 17h

Théâtre de Paris
15 rue Blanche, 75009 Paris
Réservation : 01 48 74 25 37
www.theatredeparis.com

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