Critiques // Critique • « Tratando de hacer una obra que cambie el mundo… » de la Cie La Resentida

Critique • « Tratando de hacer una obra que cambie el mundo… » de la Cie La Resentida

Juin 20, 2013 | Aucun commentaire sur Critique • « Tratando de hacer una obra que cambie el mundo… » de la Cie La Resentida

ƒƒƒ Critique Dominika Waszkiewicz

 IMG_7673© DR

Née en 2007 à Valparaiso, la compagnie chilienne La Re-sentida interroge sans répit le théâtre et son rôle. Pour sa deuxième création, le postulat de départ est simple : cinq comédiens s’isolent dans une cave pendant quatre ans pour créer une œuvre vraiment subversive et capable, comme l’indique le titre, de changer le cours des choses…

« Somos una generacion que no le ha pasado nada… nada… nada »

Devant un mur de pages, feuillets épars couverts de signes, les cinq comédiens évoluent dans un décor chaotique fait de livres surtout, de livres partout. Au centre, une table et cinq chaises. « Regardez-nous nous sommes au fin fond du monde. Derrière la cordillère ». Convoquant, à tour de bras, Allende, Martin Luter King, Rosa Luxembourg, Gandhi, Neruda, Marx ou Jean-Claude Van Damme, les projets scéniques se montent et se démontent autour de l’indéfectible volonté de sauver le monde. Et si l’on faisait venir des enfants africains rachitiques ? On pourrait leur coller des mouches sur le visage pour faire plus vrai. Et, face à la Moneda en flammes, on pourrait aussi s’immoler en direct pour faire réagir le public… Alors ? Qui veut bien mourir sur scène ? « Pero de verdad ! »… et avec, en fond sonore, la BO d’Amélie Poulain.

Questionnement sur le rôle politique du théâtre mais aussi reflet d’un réel désœuvrement générationnel, la pièce nous parle de nous. De nos incohérences mais aussi de nos aspirations, de notre culture mais aussi de nos inconséquences, de nos joies et nos difficultés à être au monde. Sans prétention didactique et avec la pertinence qui découle d’une perpétuelle dérision, c’est bien la vie qui se dessine en un immense calligramme.

Teatro in your face !

Avec une fougue quasi-dionysiaque, les comédiens nous invitent à une fantastique célébration du théâtre. Citant, en un même chaos tournoyant, Artaud, Camus, Brecht, Peter Weiss ou encore Ibsen, ils nous dressent un fantastique palimpseste dramaturgique. Marionnettes, danse, chant, la scène devient un lieu de vie et d’histoire. Grâce à un sens du rythme allié à une énergie folle, le maelström n’est jamais indigeste et l’on rit, beaucoup. On se laisse surprendre, presque malgré soi. Et on se laisse prendre. Absolument.

« Réveillez-vous : les utopies sont mortes ! »…

Je ne sais pas si le théâtre peut changer le monde mais, ce qui est certain c’est que l’on ne ressort pas indemne de la salle. Quelque chose d’exceptionnel a eu lieu. Quelque chose du domaine du sacré. Quelque chose qui donne du sens. Alors : 

Viva Chile y viva el teatro !

 

Tratando de hacer una obra que cambie el mundo
(el delirio final de los últimos románticos)
En espagnol surtitré
Direction : Marco Layera
Dramaturgie : La Re-sentida
Décor : Pablo de la Fuente
Avec : Carolina Palacios, Pedro Muñoz, Benjamín Westfall, Nicolás Herrera, Eduardo Herrera

Du 17 au 22 juin 2013 à 20h30

Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses 75018 Paris
Métro : Abbesses Réservations : 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com

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