Critique Dominika Waszkiewicz
Il est bon, parfois, de flâner au hasard des programmations estivales. Se faire guider par la providence vers des territoires théâtraux rafraîchissants d’enthousiasme. Se laisser surprendre par des propositions scéniques comme celle de Vincianne Regattieri qui nous invite à partager une version strictement masculine de Roméo et Juliette. Why not ? On repense aux joies offertes par le fantastique travail de la compagnie britannique Propeller… Mais, hélas, une bonne idée initiale ne suffit pas toujours.
Roméo et Juliette version strass et paillettes
Entre David Bowie et Rage against the machine, les scènes shakespeariennes s’enchaînent, méconnaissables. Malgré une adaptation plutôt pertinente et des idées parfois intéressantes, le spectacle donne l’impression de flotter, de rester en surface.
Une guirlande d’ampoules encadre un plateau modestement pourvu : deux portants et deux malles composent le sobre décor. Les six comédiens, le visage grimé de blanc, évoluent et se changent à vue dans une atmosphère saturée de poudre de riz et de paillettes. Des micros gisent par bouquets en avant-scène et reprennent les quelques tentatives sonores proposées, puisqu’il s’agirait d’une version « glam rock » de la célèbre pièce… Mais pourquoi faire chanter des comédiens sans voix et, par antithèse, exploiter si peu, par exemple, les capacités vocales de Lauri Lupi ? La mise en scène semble plaquée, artificiellement imposée à une poignée d’artistes, choisis aléatoirement. Alors, ils tentent de montrer un peu ce qu’ils savent faire et s’épuisent dans une série de petits numéros, tours un peu vains malgré toute la bonne volonté du monde.
© Marie Julliard
« Tout est bien qui finit mal » conclut le frère Laurent
Le problème semble évident : Vincianne Regattieri, en voulant éviter les écueils que pourrait entraîner l’aspect gay friendly de sa mise en scène, ne choisit aucune direction. Elle nous laisse dériver, face à une pièce superficielle où les talents des comédiens restent cruellement inexploités.
Quel dommage de choisir une œuvre d’une telle densité et n’en rien faire sous le fastidieux prétexte de l’originalité à tout prix. Les fils sont pourtant là, visibles et délaissés, comme oubliés dans ce brouillon scénique. Avec un peu d’attention, on devine les choix qui auraient pu être faits et l’on se désole un peu pour les comédiens, somnambules sans guide, abandonnés dans un projet à la fois fade et pourtant prometteur.
Roméo & Juliet
Adaptation : Alain Sizey et Vincianne Regattieri
Mise en scène :Vincianne Regattieri
Direction musicale et composition : Vincent Heden
Avec : Lucas Anglarès, Sinan Bertrand, Christophe Bonzom, Alexandre Bonstein, Lauri Lupi, Léo Messe
Jusq’au 28 juillet, du mardi au samedi à 21h30 et le dimanche à 17h30
Relâche exceptionnelle le mercredi 24 juilletLe Vingtième théâtre
7 rue des plâtrières
75020 PARIS
Tél : 01 43 66 01 13
Métro : Ménilmontantwww.vingtiemetheatre.com