Festival Teatro a corte
ƒƒ critique Dominika Waszkiewicz
Le Festival Teatro a Corte revendique la volonté de magnifier les sites piémontais avec des créations théâtrales in situ. Ainsi, l’imposante demeure royale de Venaria Reale a reçu la visite de l’équipe de Luc Amoros. Dans la cour du magnifique palais restauré et ouvert au public depuis 2007, se dressent les échafaudages habillés de toiles et constellés de câbles de l’installation.
« Le monde n’existe que s’il est peint et chanté »
© Copyright 2010 ATNT – Site Théâtre de rue Toulouse
Alors que la contrebasse de Jérôme Fohrer donne un la endiablé, les 9 cases d’un grand carré de toile se peuplent de 6 silhouettes. Ombres chinoises munies de rouleaux à peinture, les artistes entament un chant brut et hypnotique. Commence alors un parcours pictural et initiatique hors du commun. Des Byzantins à Gauguin en passant par Van Gogh, les peintres-chanteurs nous emmènent dans un monde d’images en créant sous nos yeux d’immenses reproductions.
Magie de l’instant, ce spectacle pluridisciplinaire et tous publics parle de notre rapport au monde, dans tout ce qu’il peut avoir de sublime mais aussi d’incohérent. Des textes nous apostrophent sur la mercantilisation de l’art. On déplore les « manies d’arpenteur ». Pourquoi vouloir fixer les choses alors que tout est éphémère ?
Dans cette vanité de 60 minutes, Luc Amoros chante le volatile, l’inutile, le vivant en somme. « Tout doit disparaître ». Et les peintres effacent leur création avant de repartir sur une page blanche. Bulles d’art aussitôt éclatées, les images passent, chargées de sens, car c’est dans le langage qu’est sculptée directement cette œuvre, alliance d’art brut et de haute technologie.
« Et si le monde était une page blanche ? » 270 kilos de peinture plus tard, flotte encore autour de nous l’enthousiasme de cet exercice de graphomanie radieuse et radiante.
„Page Blanche“
Luc Amoros, conception, texte, mise en scène et en images
Richard Harmelle, composition musicale
Vincent Frossard, conception technique et construction
Joseph Kieffer, conseil graphique
Mathieu Desanlis, administration
Gwenaëlle Plougonven, production, diffusion, communication
Avec les interprètes :
Agnès Bourgeois, Katharina Ernst, Pierre Biebuyck, Suzanne Berelowitch, Sylvie Eder, Lou Amoros-Augustin ou Aude Ardoin, peinture, gravure, chant
Jérôme Fohrer, musique
Avec les techniciens :
Vincent Frossard, régie générale
Martin Descourvières, régie plateau et lumières
Emmanuel Coutin, régie plateau et lumières
Emmanuel Haessig, régie son
www.lucamoros.com