ƒ Critique Dominika Waszkiewicz

 © DR

« …Qui sortit de la porte ouverte, la femme ou le tigre ? »

Une légère agitation, comme une impatience derrière les rideaux mal clos, et Juliette entre en scène… un téléphone à la main ! Le ton de la soirée est donné : sous le signe d’une vraie-fausse nonchalance, la « chanteuse romanesque » nous invite, sans chichis, à prendre place dans l’intimité de ses lectures. Entre un lampadaire attifé d’une robe de flamenco et la douceur dorée d’un abat-jour coiffant une bouteille, Juliette marche, s’assoit parfois, lit des notes sur des feuilles volantes, feuillette un livre ou sirote un peu de vin rouge. Elle semble fouiller, fouiner, chercher, improviser sur scène. Lorsqu’elle trouve son bonheur, elle nous offre un texte ponctué de ses habituels commentaires, mises à distance ironiques ou petites explications bienvenues.

La saveur de l’instant, d’un tigre à l’autre

Gourmande, les yeux pétillants d’une joie enfantine, Juliette nous sert les mets littéraires les plus délicats : de Max Aub à Jules Renard, en passant par les amuse-bouches coquins de Pierre Louÿs ou les piques bien senties de Buzzati, elle nous dresse-là une bonne tablée. Entre l’ouverture éponyme signée Jean Ferry et le digestif bien peu conclusif de Stockton, elle nous ensorcèle de sa voix chaude et vibrante. Soudain, elle sort un iPad ! Et c’est pour mieux nous lire un scabreux conte médiéval à la morale pour le moins obscure… Et hop ! Quelques lignes bien senties de Colette avant de s’arrêter sur une Passion signée Jarry. Un festin que ne désavoueraient pas les fans des Papous de France-Culture.

… Mais, servi à la bonne franquette. Point de grands airs ce soir-là et point d’écrin pour bercer ces trésors délicieux. La scène est un (joyeux ?) carnage et se faufile parfois une désagréable impression d’amateurisme. Finalement, malgré bien des imprécisions, plus touchantes que condamnables, on serait bien tenté de reprendre de ce ragoût, un brin informe peut-être, mais exquis ! Quand les ingrédients sont bons…

« Le tigre mondain », lectures
Interprété par Juliette

Tous les lundis à 20h30 jusqu’au 25 mars
Durée 1h30 environ

Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins 75008 Paris
Métro : Havre Caumartin – Madeleine – Saint Lazare
Réservation :01 42 65 90 00
http://www.theatredesmathurins.com

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