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Critique • Anouche, l’histoire tragique d’une jeune amoureuse au Théâtre des Amandiers

Mai 25, 2013 | Aucun commentaire sur Critique • Anouche, l’histoire tragique d’une jeune amoureuse au Théâtre des Amandiers

Critique Dominika Waszkiewicz

Anouche

© Pan ARMENIAN

 Anouche (« douce ») est un opéra arménien d’Armen Tigranian créé en 1912 d’après un poème épique d’Hovhannes Toumanian (1869-1923). Depuis les premières représentations d’Erevan en 1935, l’œuvre est souvent reprise, notamment en diaspora. L’action se déroule dans un village de montagne. Saro, le jeune berger, est amoureux fou de la belle Anouche aux yeux noirs et aux cheveux fins. Malheureusement, le destin s’acharne contre cette passion. Suite à un jeu de lutte, Saro met à terre Mossy, le frère d’Anouche. Ce dernier ne tolérant pas l’affront subi, décide de se venger en tuant son ancien ami et igit. Épilogue en apothéose : Anouche se noie dans l’onde reflétant les cieux où elle espère retrouver son bien-aimé. Sur fond de fatalité et de codes d’honneur, l’intrigue présente tous les ingrédients d’une épopée mélodramatique, tressée de lyriques récitatifs et rythmée par des mélodies orientalisantes rappelant un peu les airs médiévaux.

Quand la forme étouffe le fond

La salle est encore éclairée lorsque se faufilent en silence les quatre danseurs, agiles silhouettes grises glissant sur le grand plateau dégagé. Puis, les musiciens prennent place derrière un long pan de tissu, léger rayon bleu coulant sous un pont transparent. Au fond, les montagnes découpent l’horizon d’un ciel jauni par l’aube et l’on devine, sur la toile, les brumes cachant les rares maisons des villages endormis.

Et la langueur s’installe. Malgré de jolis moments, de subtils jeux d’ombres chinoises ou des transitions délicatement chorégraphiés, l’ensemble se traîne difficilement et sans émotion aucune. Les costumes féminins enserrent les corps rendus disgracieux par l’excessive stylisation des formes. Les choix sont justes mais se résument à des symboles, abstraits. Rouge passion. Blanc pureté. Tout cela ne touche pas au cœur, hélas. Et l’histoire tragique ne nous émeut guère. Pire : on attend le dénouement avec impatience. Que s’achève enfin cette fête de l’Ascension dont on ne perçoit pas la joie !

Serge Avédikian a voulu miser sur l’intimité lyrique et la célébration d’une culture foisonnante, palpitant entre Orient et Occident. La mission semble s’anéantir dans une mise en scène plate ponctuée de petites maladresses d’ombres portées, de personnages perdus sur scène, de projections d’extraits filmiques dignes d’une agence touristique vantant les mérites de l’idéale destination estivale…

Armenia sacra

Cependant, derrière les images animées en deux dimensions sur le grand écran écartelé au fond de la scène, derrière les topoï d’un folklore bon marché découvrant la beauté sauvage des sites arméniens, apparaissent de précieuses tesselles. La terre, bien sûr. Mais aussi l’eau des ruisseaux et des cascades. Le ciel immobile pudiquement teinté d’un rose très pâle. Et le feu qui vient danser au bas de la toile pour annoncer le fatal excipit. Bribes de passé et quête identitaire. Recherche de la terre, mouvement compulsif et nostalgique vers ses racines… Moment de communion nationale enfin. Voilà ce que tous les déracinés comprendront.

Et les autres ?

Anouche
L’histoire tragique d’une jeune amoureuse
Création musicale et théâtrale en arménien surtitré
D’après l’opéra de Armen Tigranian
Sur un poème de Hovhannes Toumanian
Mise en scène et Adaptation du Libretto – Serge Avédikian
Scénographie, Costumes et Chorégraphie – Nicolas Musin
Arrangements et Réorchestration – Anahit Simonian
Chef d’Orchestre – Vahan Mardirossian
Création lumière – Jean-Marc Skatchko
Chanteurs solistes : Sophia Sayadyan, Liparit Avetisyan, Gurgen Baveyan, Kristina Sahakyan, Lilit Soghomonya
Chœur de Chambre d’Etat
chef du chœur : Sona Hovhannisyan
Avec Arthur Manukyan , Kim Sargsyan, Gevorg Avetisyan, Areg Ghahramanyan, Vahag Babloyan, Edgar Varosyan, Ani Hovakimyan, Maria Sardaryan, Sona Yengibaryan
Les filles : Nelly Shishmanyan, Lusine Mkrtchyan , Inga Murza
Danseurs :Harutyun Topalidis, Tigran Vardanyan, Karen Khatchatryan, Gagik Tadevosyan
Musiciens :Tigran Gevorgyan, Hovhannes Papikyan, Suren Khorozyan, Andranik Kocharyan,  Arthur Yeghiazaryan, Harutyun Chkolyan, Armen Mailyan,  Armenak Grigoryan, Albert Ordinyan, Astghik Vardanyan, Hakob Adamyan, Astghik Gazhoyan, Ashot Ayvazyan, Geronti Antonyan, Ara Khachatryan
Assistante du metteur en scène : Anna Shiroyan
Costumière : Inna Sevunts
Création des images : Mikael Dovlatyan
Régisseur vidéo/surtitres : Armen Galoyan
Décor : Garegin Yevangulyan, Ararat Pinachyan
Traduction : Chaghig Chahinian
Les 22, 23, 25 et 26 mai 2013
Mercredi et samedi à 20h30, jeudi à 19h30 et dimanche à 15h30
Durée : 1h40 sans entracte

Théâtre des Amandiers
7 av. Pablo-Picasso
92022 Nanterre Cedex
Tél : 01.46.14.70.00
www.nanterre-amandiers.com

 

 

 

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