Critique de Djalila Dechache
Voici 7 ans que le théâtre de l’Atalante, dirigé par Alain-Alexis Barsacq accueille ce festival aussi inédit que très intéressant.
C’est lui qui m’accueille après quelques mots échangés avec le responsable de l’événement Kirill Terr, bilingue. C’est très agréable de voir une personne s’exprimer dans une langue qui n’est pas la sienne afin de vous accueillir au mieux.
Alain–Alexis Barsacq m’explique qu’il a toujours soutenu les théâtres de l’Est, que comme son père le metteur en scène André Barsacq en était imprégné. Il suit des études d’architecture, avant de devenir décorateur au Théâtre de l’Atelier voisin, établissement précédemment dirigé par son père. Beau parcours suivi en droite ligne du Cartel de la décentralisation théâtrale.
Il prend le temps, quelle aimable attention ! de me parler de la saison prochaine ainsi que de l’événement du 2 au 6 mai 2012 sur la traduction Traduire/Transmettre – 3ème édition, rencontres autour de la traduction théâtrale avec en pays invité, L’Allemagne.
Dès la porte à peine franchie, vous êtes en Russie: le personnel d’accueil, les documents écrits, les invités et surtout les invitées si blondes, si belles, si souriantes, et le public sont tous russes et ne parlent que russe.
Ce soir, mercredi c’est l’ouverture du festival avec une pièce de théâtre « Gala, un caprice de Dali », par le théâtre de Saint-Pétersbourg, avec des stars de cinéma et de théâtre russe. C’est une pièce en langue russe sans sur titrage. Comment faire pour tirer parti de cette expérience ?
Heureusement, on nous distribue une feuille détaillant l’intrigue.
Comme les personnages, Gala et Dali, mènent une double vie cela multiplie par deux les histoires.
«Gala, je t’aime, tu es ma vie, je ne peux vivre sans toi » Salvador Dali
Gala mariée à Dali (1904-1989) elle est fatiguée de toutes leurs embrouilles et veut le quitter afin de partir avec son amant. De son côté Dali, veut partir avec Amanda. C’est le mari de Gala qui fait prendre conscience de l’imposture de son amant de manière très violente.
De son côté Amanda avoue à Dali qu’elle n’est plus hermaphrodite mais qu’elle a opté pour le sexe féminin après une opération chirurgicale. Et moi qui croyais que cet aspect n’était qu’un leurre à des fins de publicité !
L’épisode du compositeur russe Aram Kratchatourian, venu solliciter une séance de travail avec le maître touche-à-tout, n’étant que prétexte à faire son numéro de clown triste quasiment en scènes muettes.
Gala Dalí, née Helena Dmitrievna Delouvina Diakonova, (1894-1982) en Russie à Kazan, a épousé Paul Eluard puis Salvador Dali.
On entend le nom de Paul Eluard prononcé au cours de la représentation et on est bien content parce que cela donne l’impression de suivre malgré le barrage de la langue russe, si belle, si ondulante.
Le spectacle commence avec une scène onirique surréaliste où Dali est poursuivi par des ombres portant en masque son portrait et où sa femme, avec une énorme paire de ciseaux veut lui couper les moustaches. Il se réveille en sursaut et Gala vient le recouvrir et le câliner tel un enfant.
Dans la seconde partie, les comédiens se sont changés et reprennent là où ils se arrêtés, exactement comme dans un feuilleton télévisé.
Le comédien jouant Dali est superbe avec son long corps, ses longues mains et ses moustaches si reconnaissables.
Il est vêtu à l’excentrique avec beaucoup de goût et de panache.
Les comédiens ont une fraîcheur, une conviction peu rencontrée, même si on ne connaît pas la langue russe, on suit ce qui se passe sans difficulté.
Ils jouent de manière forte et ostentatoire c’est -à -dire passionnée et totale :le valet n’est pas en reste, il paie de sa personne, la soubrette aussi , très moderne en mini-jupe son rouge à lèvres bien rouge, ses nattes très épaisses dépassant les genoux, la joie on la voit, la peine aussi, la jalousie, les mesquineries,….. Ce qui fait que le public rit beaucoup, applaudit tout autant à chaque scène et à chaque numéro ou réplique subtile à fort contenu (que j’ignore bien évidemment).
Ce résultat est le fruit de l’auteur, une femme très sympathique qui est venue saluer à la fin de la représentation, que j’ai trouve humble et souriante.
Malheureusement je n’ai pas bien compris son nom, qu’elle m’en excuse, j’aurai aimé lui témoigner l’admiration pour son travail d’écriture.
Festival Cosmos KOCMOC Russe 7ème édition
Septième saison du festival à l’Atalante, avec des artistes russes venant de Russie, mais aussi des artistes russes vivant à Paris.
Gala, fantaisie de Dali par le théâtre de Saint-Pétersbourg
De Vladimir Glaskov
Avec Irina Mazourkevitch,Valéri Koukharéchine, Serguéï Lossev, Olga Kalatchova et Nastassia Némirovskaïa
Du 25 au 28 avril à 20h30
Théâtre de l’Atalante
10, Place Charles Dullin
75018 Paris
Métro: Anvers
Réservation: 01 46 06 11 90