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Critique• « J’aurais voulu être égyptien » Mise en scène Jean-Louis Martinelli au Théâtre des Amandiers

Jan 12, 2013 | Aucun commentaire sur Critique• « J’aurais voulu être égyptien » Mise en scène Jean-Louis Martinelli au Théâtre des Amandiers

ƒ Critique Dominika Waszkiewicz

J'aurais voulu

© Pascal Victor

L’expérimentale réécriture scénique d’un roman

Chicago est un roman polyphonique qui retrace les souvenirs de l’auteur égyptien, alors qu’il était étudiant dans l’Illinois. Il nous livre, avec lucidité et sans complaisance, les atermoiements d’un groupe d’individus exilés loin de leur pays et dont les élans patriotiques se mêlent à des valeurs personnelles en perdition. Entre privé et public, leurs destins se rejoignent, finalement, autour de la venue du président…

Au sein d’une actualité toujours brûlante, le texte de Alaa El Aswany raconte les conflits entre Orient et Occident sur fond d’images de la place Tahrir. Mais, derrière les portraits de ces Égyptiens en proie à leurs doutes, se profile le reflet de nos propres dualités.

Après un passage obligé par le Caire et Alexandrie en novembre dernier et avant de repartir en tournée, l’équipe revient aux Amandiers et nous propose cette singulière adaptation.

Le plateau livre un décor rappelant assez une salle de répétition : grande table couverte de textes et agrémentée de bouteilles d’eau, miroirs de loges et portants chargés de costumes, canapé et fauteuil rudimentaires. Puis, sans le noir rituel, les comédiens entrent en scène bruyamment et nonchalamment, avec l’énergie particulière d’une troupe au travail. Certains feuillètent le script, esquissent un pas de danse. Puis, le premier tableau se met en place et l’histoire peut commencer.

Mise en abyme et refus de l’illusion mimétique

Le spectacle oscille sans cesse entre une incarnation directe de la fiction et une mise à distance. En effet, les comédiens interprètent aussi bien les neuf personnages principaux que les figurants, ou encore le narrateur. Ils prennent, à tour de rôle, le statut de spectateur et retiennent, ainsi, tout élan d’identification en faisant voler en éclat l’illusion scénique.

Les chants, qu’ils soient enregistrés ou chantés a capella, en anglais ou en arabe, renforcent, en outre, cette volonté explicite de distanciation.

Ces procédés nous donnent plus à voir le processus d’adaptation lui-même que son résultat, un peu comme si nous nous trouvions quelque part entre la réalité de l’expérience créative et l’incarnation de la fiction.

Cependant, l’ensemble reste assez sage et, l’effet de surprise passé, le spectateur est vite bercé par l’enchaînement des variations de point de vue. La trouvaille initiale s’encroûte donc rapidement pour, finalement, replonger la pièce dans l’illustration dramatique.

Heureusement que le jeu remarquable des neuf comédiens baigne le projet d’un enthousiasme contagieux !

J’aurais voulu être égyptien
D’après le roman Chicago de Alaa El Aswany
Texte français : Gilles Gauthier
Adaptation et Mise en scène : Jean-Louis Martinelli

Scénographie : Gilles Taschet
Lumière : Jean-Marc Skatchko
Son : Alain Gravier
Costumes : Karine Vintache
Coiffure et Maquillage : Françoise Chaumayrac
Collaboratrice artistique : Emanuela Pace
 
Avec Éric Caruso, Laurent Grévill, Azize Kabouche, Mounir Margoum, Luc Martin Meyer, Sylvie Milhaud, Farida Rahouadj, Sophie Rodrigues, Abbès Zahmani
Production :Théâtre Nanterre-Amandiers
Le roman Chicago de Alaa El Aswany est publié aux éditions Actes-Sud, octobre 2007.
Du 9 au 20 janvier 2013 (puis en tournée)
Salle transformable
Tous les jours à 20h30 sauf le dimanche à 16h et le jeudi à 19h30
Relâche le lundi
Durée : 3h entracte compris

Théâtre des Amandiers
7 av. Pablo-Picasso
92022 Nanterre Cedex
Tél : 01.46.14.70.00
www.nanterre-amandiers.com

 

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