ƒ  Critique de Camille Hazard

 ©DR

Cinq petits tours et puis s’en vont…

Créée fin janvier 2013 au Théâtre du Nord à Lille, Fractures de L’auteure écossaise Linda McLean, met en scène une jeune femme May, entourée de cinq hommes à cinq temps forts de sa vie: un mari à son écoute, un père irritable et colérique en soins palliatifs à l’hôpital, un inconnu rencontré par chat sur internet, son frère continuellement en désaccord et un assistant social un peu insistant.

L’écriture contemporaine du texte retranscrit avec précision les petits détails de la vie de tous les jours, les particularités cachées des comportements humains, les réactions qu’on ne souhaiterait pas montrer aux autres… Un théâtre de l’intime, de l’invisible.

Afin de mettre en évidence la finesse des mots, le metteur en scène Stuart Seide donne vie à un décor sobre, entièrement gris et anguleux, à l’image de la vie de May…

Plusieurs panneaux, formant un angle droit, laissent passer la lumière malgré leur opacité. Modulable comme le canapé (principal décor), ils modifieront notre vision de l’espace au grès des changements de temps de la pièce. Le décor totalement épuré est d’une grande symbolique ; le vide de nos vies, les tragédies en demi-teintes, notre intimité fragile et ébranlable…

Sur le fil psychologique

La force tragique est le leitmotiv de la pièce, le fil ténu qui relie les cinq tableaux. Mais nous sommes malheureusement plus confrontés à de la psychologie qu’à de la tragédie. Le texte, cependant empreint de subtilités, nous arrive parfois comme un bavardage et nous décrochons de la scène trop « pâle ». La comédienne Sophie-Aude Picon qui interprète May, apporte du feu dans son jeu, une urgence, un combat vital. Elle n’arrive pas à aller au bout de ses phrases, se bat avec ses intentions, ses idées et ses mots.

On regrette tout de même un automatisme parfois dans le phrasé et des contractions de la bouche qui provoquent l’impression d’un jeu en force.

Saluons les deux comédiens Alain Rimoux (le père) et Maxime Guyons (l’homme rencontré sur internet) qui amènent beaucoup de couleurs à ce texte un peu « froid » et nous ramènent à l’action quand nous étions à distance.

Ce texte écrit avec finesse, cette mise en scène épurée, avec économie de décors, de mouvements et déplacements, ces jeux ultra réalistes et psychologiques souvent en retenus, sont suspendus à un fil pour ne pas tomber dans le complétement vide, dans l’absence de « représentation »…

Fractures (strangers, babies)

De Linda McLean
Mise en scène Stuart Seide
Traduction Blandine Pélissier, Sarah Vermande
Scénographie Philippe Marioge
Costumes Fabienne Varoutsikos
Lumière Jean-Pascal Pracht
Son Marc Bretonnière
Maquillages, coiffures Catherine Nicolas
Assistante à la mise en scène Marie Filippi
Avec Eric Castex, Bernard Ferreira, Maxime Guyon, Jonathan Heckel, Sophie-Aude Picon, Alain Rimoux (du 20 au 26 mars), Stuart Seide (à partir du 27 mars)

-Du mercredi 20 mars au  samedi 13 avril 2013-
Mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, matinée le samedi à 16h

Théâtre Ouvert
Centre National des Dramaturgies Contemporaines
4 bis, Cité Véron – 75018 PARIS
M° Blanches ou Place de Clichy
Réservations au 01 42 55 55 50 / resa@theatreouvert.com
www.theatre-ouvert.net

 

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