Critiques // Critique• « Divine Party » d’après des textes de D. Alighieri et de F. Kafka au Théâtre Paris Villette

Critique• « Divine Party » d’après des textes de D. Alighieri et de F. Kafka au Théâtre Paris Villette

Mar 29, 2012 | Aucun commentaire sur Critique• « Divine Party » d’après des textes de D. Alighieri et de F. Kafka au Théâtre Paris Villette

Critique d’André Antébi

Il y a quelque chose d’immense dans le travail d’Alexis Forestier. Il n’en fallait pas moins pour porter à la scène l’œuvre de Dante Alighieri sans en perdre la profondeur et la démesure. Divine Party, au Théâtre Paris-Villette, nous offre tout cela sous la forme d’un opéra punk rock que l’on traverse sans répit, le souffle haletant pendant 3h30.

« Mots de douleurs, accents de rage

Voix fortes, rauques…

Dans cet air éternellement sombre » Enfer, chant 3

Bien plus qu’une mise en espace de la Divine Comédie, c’est une véritable transposition musicale et théâtrale de l’œuvre de Dante qu’accomplissent à merveille les Endimanchés (Julien Boudart, Alexis Forestier, Antonin Rayon et Cécile Saint-Paul).

Inspiré par la scène musicale alternative, Alexis Forestier nous plonge dans un univers déjanté, chaotique, accidenté dès les premières secondes du spectacle.

Dans la pénombre, le fracas et la plainte douloureuse, grinçante, insupportable nous transportent sans préavis dans l’enfer de Dante.

C’est pour le spectateur une entrée en matière d’une radicalité inouïe. Et c’est ainsi que se construit le spectacle, en nous donnant le sentiment de participer avec Dante au voyage initiatique, et la possibilité de vivre des « passages », de « franchir des seuils ».

« Cette montagne est telle

Qu’elle est toujours rude pour commencer

Mais plus on monte et moindre est la fatigue.» Le Purgatoire, Chant IV

Dans un dédale d’instruments, d’appareils, d’objets bizarres, dans ce chantier permanent, Dante et Kafka se répondent en version originale surtitrée sur des écrans se fondant dans la scénographie.

Les paroles s’entrecroisent, se répètent en litanies dans un ballet poétique où les corps et les voix se dépensent sans ménagement.

L’amour évident des artistes pour les mots qu’ils empruntent est fracassant et l’humour, la formidable insolence de cette compagnie ajoute tout simplement au génie.

Voilà toute cette folie, conçue avec la plus grande rigueur, qui nous submerge.

Une fois le langage d’Alexis Forestier apprivoisé, un fois que nous nous sommes laissés entrainer dans cette hallucination collective, le parcours se fait plus léger. Des seuils sont franchis et chaque minute paraît plus belle que la précédente. Avec les artistes nous sommes parties prenantes de cette ascension accidentée vers l’apaisement et la réconciliation.

C’est donc bien le genre de spectacle auquel on « n’assiste pas », mais auquel on participe et dont on ne se défait plus.

« Reste à présent lecteur, sur ton banc

En pensant à ce dont tu as l’avant-gout,

Si tu veux une joie qui surpasse ta peine ;

Je t’ai servi ; à présent nourris toi par toi même » Le Paradis, Chant X.

Divine Party

Compagnie Les endimanchés
D’après des textes de Dante Alighieri et de Franz Kafka
Mise en scène, musique originale et scénographie  d’Alexis Forestier
Images de Cécile Saint-Paul
Arrangements et dispositif sonore de Julien Boudart et Antonin Rayon
Lumière de Matthieu Ferry
Régie vidéo de Perrine Cado
Régie son de Jean-François Thomelin
Avec Julien Boudart, Alexis Forestier, Antonin Rayon et Cécile Saint-Paul

du 24 mars  au 6 avril 2012
Mercredi,  vendredi et samedi à 19h30, dimanche à 16h00 (durée 3h30 avec entracte)

Théâtre Paris Villette
211 Avenue Jean Jaurès – 75019 Paris
Métro Porte de Pantin
Reservation au 01 40 03 72 23 – resa@theatre-paris-villette.com

www.theatre-paris-villette.com


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