Critiques // Critique• « Déversoir » conçu et mis en scène par Angéla Laurier au CDN de Sartrouville.

Critique• « Déversoir » conçu et mis en scène par Angéla Laurier au CDN de Sartrouville.

Mai 09, 2012 | Aucun commentaire sur Critique• « Déversoir » conçu et mis en scène par Angéla Laurier au CDN de Sartrouville.

Critique d’Anne-Marie Watelet

« Je veux brasser l’histoire familiale, me débattre avec elle. »

De l’acrobatie et du contorsionnisme à la carrière d’auteur scénique, n’y a t-il qu’un pas? C’est en tout cas l’engagement difficile qu’a pris Angéla Laurier. Toute jeune, elle a travaillé avec le Cirque du Soleil canadien, et plus tard en 2006, a fondé sa compagnie, avec l’intention de concrétiser son désir d’explorer les possibilités scéniques qui racontent son drame existentiel et familial. L’art comme exutoire.

Corps, images filmiques, voix. L’artiste veut extirper sur scène la douleur qui l’enferme depuis longtemps. Alors elle fait subir à son corps arc-bouté les pliures, les distorsions les plus contraires aux lois de la nature, en même temps que se déroulent les paroles enregistrées puis les témoignages et les bouts de vie filmés, du père dépressif, de Dominique, son frère schizophrène et de la mère. Elle leur donne la parole car elle n’a pas les mots pour dire ça. Par  moments elle s’immobile devant l’écran, comme suspendue… Mais à quoi ?  Puis continue sa lente progression, contorsionnée, transformée (on croit voir un insecte soudain), dans des postures à la limite du supportable pour le spectateur. Ce corps n’a plus de sens, entendez : sans dessus-dessous.

Un cri muet qui manque de puissance

Passion, douleur, pour autant qu’elles soient sincères, ne suffisent pas pour faire œuvre de création.En effet, si le travail physique d’A. Laurier est impressionnant de virtuosité, on  peut difficilement parler de théâtralité : rythme uniforme, figures uniquement stéréotypées du contorsionnisme, visage sans expression et quasi muet. On ne ressent pas l’émotion qu’elle dit vouloir transmettre et on tente vainement de trouver le lien intime qui devrait unir sur la scène mouvements et images parlantes, évoquant la maladie. Nous avons plutôt l’impression d’assister à une performance. A noter, quelques effets efficaces et esthétisants dans la scénographie, comme l’image qui fractionne et démultiplie son corps à l’infini, ou un bref bruitage produisant l’écho de sa respiration haletante.

Rendons toutefois hommage à la force de conviction et au travail corporel exceptionnel d’Angela Laurier. Gageons que le spectacle « L’Angela Bête », qu’elle prépare pour l’automne 2012, sera plus inventif.

Déversoir
Conception et interprétation d’Angela Laurier
Musicien vidéaste Manuel Pasdelou
Scénographie Florent Pasdelou
Création robe camisole Goury
Costume Myriam Remoissennet
Régie lumière Richard Croisé
Collaborateurs artistiques Julien Laurier et Gen Shimaoka

Le jeudi 3 mai 21h

CDN de Sartrouville
Place Jacques Brel  – 78500 Sartrouville
RER A
Réservation 01 30 86 77 79
www.theatre-sartrouville.com

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.