© Chris Van der Burght
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette
Coup fatal a été créé en 2014 au Burgtheater de Viennelors du Wiener Festochen et mis en scène d’Alain Platel, alliant superbement la musique de la République démocratique du Congo à celles qu’on imagine plus classiques et qui n’attendent qu’une seule chose, être encore plus heureuses, celles de Monteverdi, Haendel, Gluck, Bach. Du baroque dans tous les sens, des musiques qui s’épousent, se fondent, s’éclatent, si l’on peut dire… Le baroque, ici ou là vient montrer le bout de son nez, gigotant sur les compositions musicales de Fabrizio Cassol et Rodriguez Vangama. Il renaît sur des percussions, likembes, des calebasses ou pourquoi pas des guitares électriques et d’autres instruments africains. Un contre-ténor mêle sa voix à d’autres peut-être un peu moins surprenantes mais qui soulèvent et emportent tout autant les spectateurs, très sages et comme il faut au début et qui ont du mal à retenir leur joie au fil du temps.
C’est une chance fabuleuse de découvrir, ou revoir, ce spectacle culte qui a donc tourné partout en Europe depuis plus de dix ans. Entre 2010 et 2014, tous les éléments musicaux, entre traditionnel et baroques, ont été mis face à face, se sont épousés, travail soutenu par Jan Goossens, qui était le directeur du KVS-Bruxelles et le fondateur du Festival des arts à Kinshasa. Coup fatal est le fruit du travail mêlé des idées, recherches et éclats de rires sans aucun doute, de Rodriguez Vangama, Fabrizio Cassol, Serge Kakudji, Alain Platel, accompagnés d’autres musiciens leurs permettant de heurter jusqu’à ce qu’elles se fondent, musiques traditionnelles congolaises, musique baroque, pour que tout fonctionne et tienne, avec de la colle jazzie et rock’n’roll ! Ce n’est pas pour cela qu’il faut imaginer un concert, un moment glissant vers du classique. Pas du tout. De la musique mêlée, mise dans un shaker magique et hop ! De la danse, de la vie. Des couleurs, avec des costumes rappelant les dandys de Kinshasa, qui n’ont pas oublié de rapporter leurs chaises en plastique bleues pour, de temps en temps, se poser, souffler un rien devant, ou à travers pourquoi pas, cet immense rideau en fond de scène, conçu par le plasticien Freddy Tsimba avec des déchets de guerre et qui nous apparaît comme splendides liens de perles lumineuses et légères, avec lesquels cette troupe aux talents multiples et gigantesques joue.
De temps en temps, entre deux « instants » de ce spectacle, la salle hésite entre silence attentif et applaudissements. Les deux sont tentant, mais ce serait sans doute effacer la légère et subtile reprise, toute petite avant de rejoindre une folie joyeuse, et toutefois construite sur un travail époustouflant de recherche et de réussite, aboutissant à cette musique qui nous emporte. La musique, la danse, les costumes. Tout nous appelle, nous supporte, nous soutient. Les sapeurs sont à la fois classiques et multicolores, resplendissants, montrant combien ils sont fiers de leurs gros muscles, de vrais mecs, avec au milieu ce contre-ténor, Coco Diaz, surplombant tout cet univers. Un seul petit défaut peut-être ? Il est très difficile de quitter cette salle pour la nuit froide et pluvieuse qui attend sagement dehors.
© Zoé Aubry
Coup fatal, direction musicale de Fabrizio Cassol, direction artistique et mise en scène d’Alain Platel, compositions musicales de Fabrizio Cassol et Rodriguez Vangama
D’après Haendel, Vivaldi, Bach, Monteverdi, Gluck
Avec la collaboration de Coup Fatal
Chef d’orchestre : Rodriguez Vangama
Avec : Coco Diaz (contre-ténor), Russell Kadima (vocal), Boule Mpanya (vocal), Fredy Massamba (vocal), Deb’s Bukaka (balafon), Jolie Ngemi (danseuse), Cédrick Buya (percussions), Bouton Kalanda (likembe), Silva Makengo (likembe), Erick Ngoya (likembe), Brensley Manzodulua (guitare), Evry Madiamba (percussions et calebasse), Rodriguez Vangama (guitare électrique, balafon)
Scénographie : Freddy Tsimba
Lumières : Carlo Bourguignon
Son : Guillaume Desmet
Costumes : Dorine Demuynck
Photographie : Chris Van der Burght
Assistanat à la direction artistique : Romain Guyon et Éléonore Bonah
Responsable de production : Pascale Reneau
Attachée de production : Elena Andrey
Du 28 mars au 5 avril 2025
Mardi au vendredi, 21h
Samedi, 20h – dimanche, 17h
Relâche lundi 31 mars
Durée 1h50
Théâtre du Rond-Point
Salle Renaud-Barrault
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Réservations : 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr
En tournée :
5 – 7 juin 2025 : Théâtre de Namur (Belgique)
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