© Mathieu Verreault

article de Toulouse

Accueilli par un chant proféré à pleine voix par sept interprètes dès l’entrée du public, nous pénétrons l’univers intimiste de Clara Furey. On sent bien derrière cette rengaine polyphonique que quelque chose se prépare, va advenir à la scène. Et c’est cette drôle de sensation qui court tout au long du spectacle, qui ne fait qu’être retardée, car au final peu de chose advient. La temporalité s’étire volontiers selon des schémas répétitifs, faisant d’un micro-changement dans le mouvement un événement majeur, que nous avons pourtant aussi bien du mal à saisir tant les délicates transitions sont font en trompe-l’œil. Le fil du spectacle prend alors une certaine épaisseur. Le caractère répétitif peut parfois sembler laborieux car on ne reprochera pas assez d’investissement de sensations dans le mouvement, peu de travail de qualité de corps, et trop peu de progression dans la direction chorégraphique des danseurs. La scène se voit alors dérober le caractère vivant qui la définit et qui nous séduit.

Pourtant, dans cette ligne minimaliste et conceptuelle, héritage de John Cage nous semble-t-il, le dispositif de Clara Furey demeure à certains égards inspirant. C’est notamment le travail visant à mettre en relation le mouvement dansé à celui de phénomène naturel, et nous irons jusqu’à dire cosmique, qu’il est intéressant de dégager. On a la sensation très nette, que la grammaire chorégraphique qu’ils explorent pourrait retracer le mouvement de constellations, d’étoiles et de planètes, de vie cellulaire ou encore de trou noir. Un jeu d’échelle entre le micro et le macro ainsi intrigant et qui s’amuse à tromper nos perceptions.

On saluera aussi la création sonore et l’inventivité des lumières qui apportent une réelle structure dramaturgique au spectacle. Peut-être aussi qu’un tel dispositif mériterait d’être d’avantage éclaté dans l’espace, comme dans une forme muséale car, pour l’heure, nous dirons qu’il supporte quelques difficultés à établir un vrai dialogue entre la scène et la salle, et que cette configuration ne sert pas l’écoute et le regard qu’on aimerait lui offrir.

 © Mathieu Verreault

Cosmic Love, conception et direction artistique Clara Furey

Chorégraphie : Clara Furey en collaboration avec Francis Ducharme, Peter Jasko, Winnie Ho, Benjamin Kamino, Simon Portigal, Zoë Vos
Interprètes : Clara Furey, Winnie Ho, Peter Jasko, Benjamin Kamino, Simon Portigal, Zoë Vos
Compositeur et musicien  :Tomas Furey
Conception lumières : Alexandre Pilon-Guay
Direction technique : Samuel Thériault
Dramaturgie : Christopher Willes
Dramaturgie et conseil artistique : Angelique Willkie
Conseillers artistiques : Sophie Corriveau, Francis Ducharme

Le 12 juin à 21h

Atelier de Paris / CDCN
Cartoucherie

2 route du Champ de Manœuvre

75012 Paris

Réservation au : 01 417 417 07

www.atelierdeparis.org

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