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Correria Agwa, de Mourad Merzouki, à la Villette

Nov 23, 2016 | Commentaires fermés sur Correria Agwa, de Mourad Merzouki, à la Villette

ƒ article de Florent Mirandole

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© Agathe Poupeney

C’est un flot d’énergie qui a déferlé sur la scène de la Villette mardi soir. Le dernier spectacle de Mourad Merzouki est à nouveau une explosion des sens. Portée par l’inventivité toujours aussi effervescente du chorégraphe, la reprise des deux pièces Correria et Agwa transmet une énergie fantastique et communicatrice.

Le chorégraphe a placé au centre de son spectacle l’énergie débordante de la troupe de jeunes danseurs cariocas arrivés tout droit du Brésil. Rompu à l’art du battle de danse hip hop, la troupe déploie tout au long de son spectacle son savoir-faire agressif et spectaculaire. Cette énergie brute est encadrée par la mise en scène solide du chorégraphe. Le découpage de l’espace par les couleurs ou les chorégraphies géométriques structurent ces énergies et lui donne une forme. A l’énergie de Correria Agw, il faut ajouter également l’inventivité du chorégraphe. Avec quelques jeux de lumières et des objets du quotidien, Mourad Merzouki invente des tableaux très originaux et souvent amusants. C’est le cas de cette vidéo d’une course à pied, où les coureurs tentent de suivre le rythme imposé par le personnage à l’écran en démultipliant leurs pieds. Mais malgré l’inventivité et la force convoquée pour construire Correria Agwa, la pièce atteint rarement ce qu’elle voudrait montrer.

L’association de la danse de rue et de la musique brésilienne, le tout mis en lumière et en rythme par une mise en scène créative, soulevait effectivement beaucoup d’espoir. Pourtant la tentative de dépasser la somme des parties n’est pas entièrement réussie. Si les danses sont spectaculaires, les musiques réellement magnifiques, et l’esthétique souvent frappante, les 3 éléments s’accordent trop peu souvent ensemble. Les scènes de danse hip hop débordent régulièrement sur les deux autres éléments, pour finir par se transformer en performance physique assez banales. Et ce d’autant plus que cette version de la danse hip hop présentée ici semble un peu dépassée, tirée tout droit des années 1990 malgré quelques emprunts à la tectonique, ressortie des cartons pour l’occasion.

Au milieu de ces nombreuses scènes inégales percent toutefois quelques moments de grâce, où les danseurs courbent leur mouvement sur la sensualité de la bossa nova ou de la musique baroque. Les deux danseurs semblent enfin faire corps avec la musique et les lumières, pour montrer alors quelques minutes magnifiques. C’est notamment le cas dans Agwa, deuxième partie du spectacle. Mourad Merzouki arrive à créer quelques scènes hypnotisantes, où la musique, les mouvements et la mise en scène atteignent enfin une harmonie parfaite.

Correria
Direction artistique et chorégraphie Mourad Merzouki, en étroite collaboration avec les interprètes
Assistante du chorégraphe Laurence Pérez
Arrangements musicaux AS’N
Lumières Yoann Tivoli
Scénographie Mourad Merzouki et Benjamin Lebreton
Costumes Delphine Capossela
Vidéo Charles Carcopino

Agwa
Direction artistique et chorégraphie Mourad Merzouki
Assistant du chorégraphe Kader Belmoktar
Direction musicale AS’N
Lumières Yoann Tivoli
Scénographie Mourad Merzouki et Benjamin Lebreton
Costumes Angèle Mignot

Interprétation Diego Alves Dos Santos dit Dieguinho, Leonardo Alves Moreira dit Leo, Cleiton Luiz Caetano De Oliveira, Aguinaldo De Oliveira Lopes dit Anjo, Helio Robson Dos Anjos Cavalcanti, Geovane Fidelis Da Conceição, Diego Gonçalves Do Nascimento Leitão dit White, Wanderlino Martins Neves dit Sorriso, Jose Amilton Rodrigues Junior dit Ze, Alexsandro Soares Campanha Da Silva dit Pit

Du 22 au 26 novembre 2016
A 20h

La Villette
211 av. Jean Jaures – 75019 Paris
M° Porte de Pantin
Réservations 01 40 03 75 75
www.lavillette.com

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