Article de Dominika Waszkiewicz
© Didier Crasnault
Un jeudi soir du côté de Nanterre, les groupes scolaires colonisent le hall des Amandiers. Sous les néons effet salle de bains des mauvais matins, les visages s’animent entre les nippes chamarrées. Que vont-ils voir ? Un classique au programme du baccalauréat ? Que nenni ! C’est bien devant les portes de la salle transformable qu’ils s’agglutinent, attendant de découvrir… le module Jean Vilar !
Nouvelle expérience de Halory Goerger et de ses acolytes, Corps diplomatique est le récit, mi science-fiction, mi manifeste, de cinq cosmonautes amateurs envoyés en mission esthétique à travers l’espace. Leur but : créer un spectacle nouveau, brut, débarrassé des oripeaux et des canevas de nos sociétés terriennes. Cinq humains, sans avenir, sans talent, sans attache. « Un groupe d’humains qui part sans rien d’autre que son humanité. » Des minables en somme. Avec, au cœur de la station spatiale, le module Jean Vilar et ses fameuses bannières offrant la promesse d’une communication « grâce au tragique ». Tout un programme !
Au cœur d’un impressionnant dispositif scénique où l’on voit le temps défiler bien plus vite que la lumière et la planète bleue s’éloigner et disparaître derrière le hublot, les « concierges de l’espace » nous narrent la dérisoire fable de leur déchéance, génération de clones après génération de clones. Le langage (thème cher à Halory Goerger) se désagrège, les codes se travestissent jusqu’à la parodie finale. Les situations existent, soit, mais restent de nature purement anecdotique, plates bouffonneries dénuées du relief philosophique annoncé. Le moment passé n’est guère désagréable, un plaisant vide interstellaire, comme une impression d’être un peu gris, d’avoir inhalé de cet isolant thermique tant prisé par Boulogne et Goerger.
Une crainte me saisit en sortant, bousculée par les cohortes des jeunes gens, plus ou moins amusés de ce qu’ils viennent de voir sans trop comprendre : et s’ils pensaient que le théâtre, ce n’est que ça… ?
Corps diplomatique
Conception : Halory Goerger
Interprétation et collaboration artistique : Albane Aubry, Mélanie Bestel, Arnaud Boulogne, Dominique Gilliot, Halory Goerger
Régie Générale : Emilie Godreuil
Développement informatique et conception des interfaces : Antoine Villeret, Cyrille Henry
Son et régie numérique : Robin Mignot, Stéphane Levêque
Intégration électronique : Robin Mignot
Lumières : Annie Leuridan
Création costumes : Aurélie Noble
Musique additionnelle : Martin Granger
Regard extérieur : Mylène Benoit
Conception du décor : Halory Goerger et les ateliers Nanterre-AmandiersDu jeudi 10 au jeudi 17 mars 2016
Du mardi au samedi à 20h30, le jeudi à 19h30, dimanche à 15h30
Durée : 1h3=-Nanterre-Amandiers
7, avenue Pablo Picasso – 92022 Nanterre
RER Nanterre-Préfecture (ligne A) – Sortie « Carillon »
Navettes assurées par le théâtre avant et après la représentationEn tournée :
– les 23 et 24 mars : Espace Malraux Scène nationale de Chambéry et de la Savoie
– du 6 au 9 avril : TNBA Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine
– les 26 et 27 avril : Espace des Arts, Scène nationale de Châlon sur Saône
– les 11 et 12 mai : le Quartz Scène nationale de Brest
– du 9 au 12 juin : Arsenic, Centre d’art scénique contemporain de Lausanne
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