ƒƒ article de Jean Hostache

Dans une atmosphère apocalyptique, cinq personnages aux allures beckettiennes font résonner leurs dernières pensées, occupent un espace qui les fera bientôt disparaître. Disparaître où et pour combien « d’éternités » ? Nous ne le saurons pas. Eux-mêmes n’en ont aucune idée. Mais c’est bien la perspective finale de converser et faire le point, qui motive leur rare parole teintée d’absurde et de questions métaphysiques qui nous plonge, en tant que spectateur, dans les abîmes et la complexité de l’être humain. Tous viennent camper et habiter leur dernier instant d’existence, cela le temps d’une représentation. La matière-temps devient alors le personnage principal du spectacle, le dieu ultime qui aura raison d’eux comme de nous. Car venir voir cette proposition – qui disons-le est un pur objet théâtrale non identifié, prenant de hauts risques, et assumant avec courage une radicalité esthétique innovante et ingénieuse – c’est venir faire l’expérience du temps. Il va de soi que cet artiste de l’avant-garde flamande – qui vient présenter pour la première fois son travail scénique en France – joue sur la temporalité qu’il ne cesse d’étirer en misant parfois sur l’agréable idée de nous plonger dans un ennui-contemplatif. Son spectacle est vallonné et contrasté par des blocs de silence, d’une parole soudainement véloce, de clair-obscur et de situations absurdes aussi drôles que grinçantes. On a l’étrange sensation d’assister au théâtre d’un rêve qui nous parle directement, et se laisse nous bercer dans des eaux intranquilles. Le plateau devient un espace mental où tout se mélange. On est comme face à de la matière qui nous bouscule et floute nos perceptions, à l’image neigeuse ou sablonneuse de la scénographie. On pénètre dans ce chaos, ce néant, qui nous fait sentir si petit. On frissonne comme un enfant qui serait dans seul dans le noir devant la musique cauchemardesque du pianiste qui y va de mains fortes. Devant un tel spectacle, plus rien n’est sûr, nous n’avons raison de rien.

Conversation concept et mise en scène : Kris Verdonck
Dramaturgie : Kristof Van Baarle
Avec : Jan Steen, Johan Leysen, Jeroen Van Der Ven, Marino Formenti, José Kuijpers
Assistante dramaturgie : Charlotte De Somviele
Conseil artistique : Piet Menu

Du 18 au 20 octobre à 20h30

Théâtre de la cité internationale
17, bd Jourdan
75014 Paris
RER B CITÉ UNIVERSITAIRE
T3 Cité universitaire
BUS 21, 67, 88
Réservation au 01 43 13 50 50
www.theatredelacite.com

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