À l'affiche, Critiques // Cirque plein d’airs, création des Caramels Fous, livret d’Antony Puiraveaud, mise en scène de Stephan Druet, Théâtre le 13ème Art

Cirque plein d’airs, création des Caramels Fous, livret d’Antony Puiraveaud, mise en scène de Stephan Druet, Théâtre le 13ème Art

Fév 04, 2018 | Commentaires fermés sur Cirque plein d’airs, création des Caramels Fous, livret d’Antony Puiraveaud, mise en scène de Stephan Druet, Théâtre le 13ème Art

© Fred Pierre

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

Les Caramels fous sont de retour ! Toujours aussi impertinents, caustiques et engagés. Toujours aussi talentueux et merveilleusement folles. Après avoir visité l’Ouest, le vrai, ses fringants cow-boys, ses girls corsetées, les voilà au cirque. Le Cirque Torticoli, ça ne s’invente pas. Et quel cirque ! La femme à barbe est morte, attraction centrale de ce chapiteau implanté aux portes de Paris en ce début de XXème siècle. La faillite menace. Fabio, son fils, magicien maladroit, essaie de sauver ce qui peut l’être. Sous la toile les esprits s’échauffent. L’écuyère et la dompteuse se crépent le chignon. Enzo le clown est dépressif. Monsieur Victor, le monsieur Loyal, réfute toute nouveauté. Les jongleurs se dressent contre les acrobates. Erik, l’hercule, aime sans espoir de retour l’écuyère. Arrivent des tziganes qui exacerbent les tensions. Des idylles interdites malgré tout s’ébauchent… Et dans tout ça des secrets bien gardés, enfin pas longtemps, bien cachés sous les masques et les maquillages pailletés. L’enlèvement de l’écuyère jalousée va révèler de biens étranges choses…

C’est une comédie musicale encore une fois totalement déjantée et loufoque. Une piste aux étoiles glam chantée, dansée, jouée avec un talent grand comme ça. Une vraie générosité, marque de cette compagnie d’amateurs éclairés, entourée de professionnels qui poussent au meilleur. C’est incontestable, de créations en créations, c’est de mieux en mieux. Ca dérape toujours un peu parfois, pas tout à fait en rythme, pas tout à fait juste, mais on s’en contrefiche totalement. La troupe en son entier, comme un seul homme, même travesti, s’en donne à « chœur » joie. Alma de Villalobos, la chorégraphe, et les arrangements musicaux de Samuel Rozenbaum, entraînent tout ce monde dans une dynamique folle, un tour de piste au galop. Stephan Druet à la mise en scène va droit au but et fait de cette ménagerie sans animaux un barnum queer en folie. C’est plein de trouvailles, de rebondissements, d’humour et d’humeur. Les costumes et maquillages de Denis Evrard sont magnifiques, clinquants, colorés, d’une belle originalité, digne des grandes productions musicales. On rit, on s’émeut, on applaudit. Ca frappe dans les mains vites endolories, ça tape des pieds en cadence, ça hurle de rire au risque de se bloquer les zygomatiques. La salle est embarquée dans cette joyeuse parade, ce manège enchanté, ou les freaks ne sont pas forcement ceux à qui on pense.

Cirques plein d’airs donc. Plein d’airs certes, connus et inconnus, puisés dans le classique et la pop, rock et disco, de ceux qu’on fredonne, de vraies scies entêtante, revisitées ici comme à leurs habitudes et qui ne vous lâchent plus. Chansons classique ou populaires, identitaires sont ainsi promptement détournées et, tendez bien l’oreille,  deviennent des chansons engagées qui ne mâchent ni ne cachent pas leurs intentions sous l’humour camp, queer, homo… Eux non plus ne lâchent rien. Un message de tolérance qui ne se contente pas des acquis mais parle de ce qu’il reste à accomplir, à conquérir. « Soyons nous même » est il chanté dans la parade final. On ne saurait mieux résumer ce qui traverse cette comédie musicale complétement folle et parfaitement maîtrisée. Usant des clichés comme de pirouettes, jonglant avec dans un équilibre délicat et réussit,  grossissant le trait comme tout Auguste dans la sciure, ce qu’ils assènent en vérité, avec lucidité, est une vision de la société où le vivre ensemble hoquette encore, où les clichés, dont ils usent avec une salutaire et heureuse autodérision pour mieux les retourner, ont la vie dure. Le genre ici est leur affaire. On est jamais mieux servi, sur un plateau ou la piste, que par soi-même. Sous ce chapiteau où les tensions sont explosives, on explose de rire c’est certain, rien d’innocent dans les propos. les paillettes, l’histoire à l’eau de rose, le torch song, le tralala, c’est de la poudre aux yeux. La réalité sous le fard est moins glamour. C’est la force de ces Caramels (pas si) Fous, d’être de vrais durs sous leurs atours.

Cirque plein d’airs livret d’Antony Puiraveaud

Mise en scène de Stephan Druet
Direction musicale David Jean
Chorégraphie  Alma de Villalobos
Assistée de Vincent Baillet
Lumières Christelle Toussine
création des costumes et des maquillages Denis Evrard
Habilleur et assistant costumes Damien Girard de Battant
Arrangements musicaux Samuel Rozenbaum
Musiciens  Pierre David, Thibaud Defever, Bruno Gruel, Benoit Laur, Bastien Lucas, Marielle de Rocca Serra, Samuel Rozebaum
Décors  Alexis Haouadeg
Affiche et programme Thierry Quessada
Photos Fred Pierre

les Caramels fous Vincent Baillet, Gaël Cesbron, Jerôme Cuvilliez, Xavier Dauchard, Mériadec De Rigaud, Thierry Durot, François Dussillol-Godar, Duarte Fernandes, Laurent Giordanengo, Amaury Guiraud, Jérôme Guerin, Alexis Haouadeg, Alexis Lapeyre, Jérôme Lhommeau, Sylvain Marx, Miko, Thierry Quessada, Olivier Segrettin, Yohan Sassier, Xavier Sibuet, Jean-Philippe Vincifore

 

Du 14 janvier au 4 mars 2018

Théâtre le 13ème Art
Centre commercial Italie 2
30 avenue d’Italie
75013 Paris

Infos et réservations  www.le13èmeart.com 

 

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