À l'affiche, Critiques // C’est encore mieux l’après-midi, de Ray Cooney, mise en scène José Paul au Théâtre Hébertot

C’est encore mieux l’après-midi, de Ray Cooney, mise en scène José Paul au Théâtre Hébertot

Fév 26, 2017 | Commentaires fermés sur C’est encore mieux l’après-midi, de Ray Cooney, mise en scène José Paul au Théâtre Hébertot

Article de Victoria Fourel

affiche-cest-encore-mieux-lapres-midi

Un député projette une après-midi légère avec sa maîtresse au lieu de faire acte de présence à une session de l’assemblée. Quiproquo, situations fortes en malaise, et tentatives de sauvetage de situations périlleuses, c’est la recette hôtellière de ce boulevard.

Et du boulevard, cette mise en scène a gardé le rythme. De ce point de vue, rien à redire, le spectacle ne connaît pas les temps morts, il essaie même de jouer avec les codes du genre. Mais tout ça n’est que de courte durée, car on n’est visiblement pas là pour bouleverser les habitudes. L’intrigue, ultra classique, ne bénéficie pas d’un très bon texte qui multiplie les gags de répétition. Là où se fourvoie la mise en scène, c’est sur la notion d’archétype. Oui, on peut, en comédie, jouer des personnages archétypaux, à une seule lecture, voire clichée. Mais il faut le faire avec sérieux et simplicité, et sans ironie. Au cinéma, on rit de Marie-Anne Chazel et Catherine Frot dans leurs grands rôles de comédie, mais parce qu’elles sont sincères. Elles ne truquent ni n’appuient les choses. Pas besoin. Cette sincérité fait défaut à de nombreux personnages. Lysiane Meis dans le rôle de l’épouse du député interprète le personnage avec lourdeur, tellement nympho qu’elle n’est pas sexy du tout. Pierre Cassignard joue tellement dans la gorge que tout semble n’être que fausse colère. Sébastien Castro s’en sort bien avec un personnage attachant et une simplicité relative, au même titre que Rudy Milstein, qui a peu de texte et donc bien plus à jouer.

Problème d’époque, aussi, le décor daté aux lignes années 80 ne colle pas au jeu assez actuel de la troupe. Ainsi, on n’est ancré dans aucun temps, ni réel, ni fantasmé. Ni vraiment de concret, ni vraiment d’imagination, on ne sait même pas vraiment s’il y a eu un choix. Il y a une belle utilisation de l’espace, et notamment des nombreuses portes du lieu de passage qu’est l’hôtel, mais l’inventivité visuelle s’arrête là, en donnant du rythme aux allers et venues. Changements de décor au noir sous les applaudissements, transitions appuyées dans le jeu, les choix manquent d’audace, manquent d’envie. Idem pour les costumes : il faut du froufrou, du léopard, de la couleur vive. Tout est présenté comme de riches idées de mise en scène, quand bien sûr, on a déjà vu tout ça. Tout est bien réglé, mais on pense à tant d’autres choses. Avec une telle base classique, et un tel rythme, pourquoi ne pas rendre les femmes un tout petit peu plus vraies, vraiment séduisantes ? Pourquoi ne pas transformer un député bon chic bon genre en vrai amant sexy ? Pourquoi faire des choix attendus quand on a tant de potentiel, de tels moyens et une pièce jouée maintes fois ?

Dès les premières répliques, on sait ce qu’on est sur le point de voir. Et effectivement, c’est ce qu’on a vu. Cette seule phrase suffit à définir un spectacle qui repose sur un ou deux bons éléments pour éviter le vide. Evité de justesse ?

C’est encore mieux l’après-midi
De Ray Cooney
Mise en scène José Paul

Avec Pierre Cassignard, Lysiane Meis, Sébastien Castro, Guilhem Pellegrin, Pascale Louange, Guillaume Clérice, Rudy Milstein, Anne-Sophie Germanaz.

A partir du 23 février 2017
Du mardi au samedi à 21h, le samedi à 16h30 et le dimanche à 17h.

Théâtre Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles, 75017Paris
Métro Villiers ou Rome.
Réservation 01 43 87 23 23
www.theatrehebertot.com

Be Sociable, Share!

comment closed