À l'affiche, Critiques // Ce qui me revient de droit, de et mis en scène par Justine Rouet-Chabaux, au Théâtre de la Jonquière

Ce qui me revient de droit, de et mis en scène par Justine Rouet-Chabaux, au Théâtre de la Jonquière

Mar 21, 2016 | Commentaires fermés sur Ce qui me revient de droit, de et mis en scène par Justine Rouet-Chabaux, au Théâtre de la Jonquière

ƒ Article de Victoria Fourel

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© DR

Ce qui me revient de droit, c’est ma place, la reconnaissance. C’est d’être pris au sérieux lorsqu’on dit vouloir faire du théâtre. C’est beaucoup de choses que de jeunes gens entendent dire sur les plateaux, une fois lancés. C’est ce que cette création explore. Entre la vraie vie et celle sur le plateau, la force que demandent les débuts, l’échec et la présence (ou l’absence) d’inspiration, de ce qui permet à un artiste de naître.

Le spectacle, dynamique dans sa scénographie et ses lumières, est ponctué d’auditions ratées de la jeune (et talentueuse) comédienne, comme si elle en revenait toujours au même point, toujours au même rôle, incapable de percer. C’est une excellente idée de construction, au même titre que la présence mystique, fantomatique de l’inspiration, la muse, qui rode pour libérer les esprits. Il n’y a pas de temps mort, même si les jeux de lumière et de son seraient suffisants pour créer des espaces, des petits mondes distincts. En effet, les changements de décor et les accessoires volumineux ne suffisent pas à les inventer, au contraire, ils les alourdissent. Il y a ainsi de belles idées qui pâtissent d’être trop expliquées.

De la même façon, c’est un spectacle qui veut dire tout ce que l’on subit lorsque l’on a une passion, qui entend parler de la fragilité, de l’entêtement qu’il faut avoir pour jouer toute une vie, mais qui s’aventure aussi sur le terrain de la famille, du couple, et de leurs places respectives dans cette vie de jeune artiste. Là encore, l’équilibre est difficile à trouver. Les scènes de vie quotidienne sont plutôt réussies et bien emmenées, mais en voulant insérer plusieurs lignes narratives pour ne pas seulement parler de façon abstraite de l’art et de tout ce qui l’entoure, on surligne encore les traits de caractère, on choisit des histoires grandiloquentes qui mériteraient une pièce à elles seules, on veut dire beaucoup, alors on appuie fort. Chaque scène nécessite accessoires, sons, texte massif. Ce que l’imaginaire pourrait faire tout seul n’a pas beaucoup de place pour exister.

Le plus dur lorsqu’on veut parler de l’art et de la place de l’artiste, c’est de dire ce que l’on a eu dans la tête en tant qu’auteur ou comédien, sans être explicatif, voire adolescent. Cette jeune troupe tombe souvent dans les écueils de l’exercice, mais il se dégage une belle énergie, des envies de mise en scène et de prise de parole, qui donnent envie de voir ce qui viendra ensuite.

Ce qui me revient de droit
Texte Justine Rouet-Chabaux
Mise en scène Justine Rouet-Chabaux
Avec Lucile Marmignon, Anne Feillet, Florent Arnoult, Yvon Lesieur.
Du mercredi 16 au samedi 19 mars à 20h

Théâtre de la Jonquière
88 rue de la Jonquière – 75017 Paris
Métro Guy Môquet
www.actisce.eu

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