ƒƒƒ article d‘Isabelle Blanchard
© Xavier Bouvier
Cassavetes se base sur des entretiens du metteur en scène pour Les cahiers du cinéma. Il revient ainsi sur sa vie, son enfance, ses films, son amour pour Gena Rowlands et sa conception du processus de création.
Au plateau, sur la gauche un bureau de travail, sur la droite un secrétaire et au centre un écran de projection. Et du whisky bien sûr.
La pièce alterne les moments de projection d’extraits de films du réalisateur et les moments joués. Parfois même l’acteur semble entrer dans les films projetés d’une manière visuellement très belle lorsque Cassavetes acteur et son interprète au plateau se font face, ou qu’il semble marcher dans la ruelle du film Shadows.
La vie du réalisateur est passionnante, sa liberté, son investissement ainsi que celui de ses acteurs fétiches dans la création de films est fantastique. C’est une autre époque aussi qui est restituée sans donner une impression surannée.
La relation du couple fait rêver et Gena Rowlands est là aussi car il lui parle, l’appelle, la questionne et on se surprend à attendre sa montée sur scène. Heureusement les extraits de film (Une femme sous influence, Faces, Opening night) nous permettent de la voir.
L’amour, les copains, la famille, la création tout est abordé à travers la vie de John Cassavetes qui ainsi nous semble accessible et nous fait regretter de ne pas avoir fait partie de ses aventures cinématographiques et humaines.
Cet hommage au réalisateur, au cinéma est aussi une réflexion sur la création dans un monde mercantile. La raison de la création et son économie sont questionnées. Et on ne peut évidemment pas s’empêcher de se dire que rien n’a véritablement changé. Nous donner à penser à ce destin exceptionnel d’un homme au service de son art ayant refusé toute compromission en autofinançant ses créations pour aborder les thèmes de société qui lui tenaient à coeur et s’entourer des équipes qu’il souhaitait est salutaire.
Le comédien est époustouflant de dynamisme. Il incarne le réalisateur avec brio il nous donne l’impression d’être face au réalisateur sans jamais le parodier. Les trois hommes, le personnage, l’acteur et le comédien sur sur les films finissent par ne faire plus qu’un.
Les lumières sont douces et tamisée donnant une impression de rendez vous dans le salon du réalisateur, d’un moment d’échange amical. La musique, jazz bien sûr, est aussi à l’honneur qui ramène à nous une autre époque.
La mise en scène est sobre et laisse la part belle au comédien qui irradie d’enthousiasme et de vitalité. Son interprétation de Cassavetes est très réussie et il nous laisse avec l’impression d’avoir partagé un moment avec ce grand réalisateur, d’avoir touché du doigt un moment de création. Et ainsi on ressort du Lucernaire avec une vitalité et une énergie que ce grand homme inspire. Cette pièce est une très belle surprise, un souffle de vie et de liberté.
Librement inspiré des entretiens de John Cassavetes aux Cahiers du Cinéma,
Mise en scène : Alain Choquart et Vanessa Lhoste
avec Florian Choquart
Dramaturgie : Thomas Resendes
Création lumières : Léa Maris
Scénographie : Anne-Sophie GracDu 24 octobre au 9 décembre à 19h00 du mardi au samedi, dimanche à 16h00
Durée 1h05Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
Paris 75006Réservation par téléphone : 01 45 44 57 34 du lundi au vendredi de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 18h00
Ou sur le site internet : www.lucernaire.fr
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