Critique de Camille Hazard –
Venez M’sieurs Dames ! Entrez dans l’univers de l’invisible !
Rejoignez-nous dans un monde inondé de magie et de mystères !
À la façon d’un bonimenteur, Yanowski nous entraîne, à travers ses textes et ses chansons, dans des univers poussiéreux, hantés et poétiques. L’énergie et la voix font parfois penser à Jacques Brel tandis que par moments, le piano distille des notes aux allures nostalgiques qui font écho à la musique de Léo Ferré ou Kurt Weil.
Sur scène, les lumières évoquent le cinéma expressionniste allemand avec des découpes de visages, des ombres, des intensités très contrastées… Grand, maquillé Yanowski prend des allures de Nosferatu accompagné de son fidèle serviteur Fred Parker au piano ! Comme dans les films expressionnistes à l’époque de Murnau, Fritz Lang ou Robert Wiene, les thèmes comme la crainte, la peur et la terreur sont omniprésents. Quelques chansons plus tard, nous voici au pays du cinéma d’horreur américain des années 60 : Terence Fisher et les films de la Hammer Production… Films en technicolor, baroques et qui souvent placent l’action au XIXème siècle (Série de films sur Dracula, Frankenstein…). Deux autres chansons nous plongent dans le monde noir et cynique de Gogol. On pense bien sûr aux « récits de Saint Petersbourg » dans lesquels l’auteur russe n’hésite pas à piétiner la réputation des administrations publiques avec absurdité!
Comique omniprésent chez ce couple macabre : l’hommage à Tim Burton n’est pas loin !
« C’est une descente orphique » dit Yanowski le philosophe.
« Une boule de billard à balancer contre les placards publicitaires » ajoute Parker le révolté.
Yanowski n’est pas juste un interprète musical, il incarne sur scène les héros de ses chansons et par des bruits, une gestuelle très contrôlée, des petits déplacements, habite tout un monde imaginaire. Ce monde est quelque fois trop plein d’images, d’histoires, de personnages ; difficile de suivre une telle fougue ! Fred Parker a lui-même composé la musique, il accompagne divinement les textes écrits par Yanowski. Il réussit à trouver sa place dans ce spectacle dense ; assis au piano, il jette des regards au public, accompagne vocalement son complice avec des râles, des ponctuations, et n’hésite pas à prendre part aux histoires en devenant “Freddy” ou un chat…
Mise à part les univers que nous venons d’évoquer, l’esprit de révolte souffle sur ce petit cirque. Les idées et opinions qui parsèment les textes ne sont pas des mirages ! La société consumériste et abêtissante est prise à partie sans retenue. L’absurdité de notre système environnant est mise en lumière par des jeux de mots, des comiques de situation… Mais ce bouillonnement d’indignation est en contraste avec les précédents univers fantastiques et l’unicité du spectacle se perd… À moins que ces chansons de fin soit un subterfuge pour nous ramener lentement à la réalité moins colorée et moins expressive…
Spectacle fantasmagorique dans lequel le spectateur chavire au gré des pérégrinations de ce cirque mordant et sanguinaire…
Le Cirque des Mirages
Avec : Yanowski et Fred ParkerLes 7, 14, 21 et 28 mars 2011
Théâtre du Petit Saint Martin
17 rue René Boulanger, 75010 Paris – Réservations 01 42 02 32 82
www.petitsaintmartin.com
Autres dates :
– Samedi 5 mars 2011 à 19h30 » Théâtre du Rond Point
– Du 8 au 31 juillet 2011 » Festival OFF d’Avignon