ƒƒ article de Artémise

© Ph Lebruman

La compagnie du Zerep cultive l’art de l’outrance. Xavier Boussiron, issu des Beaux-Arts de Bordeaux, est performeur, musicien. Sophie Perez, ex-pensionnaire de la Villa Médicis à Rome, diplômée de l’ESAT, est plasticienne, metteuse en scène.

Ensemble ils revisitent les dernières scènes du répertoire théâtral et musical. Pourquoi les dernières scènes ? Parce qu’elles se terminent par les applaudissements du public. Ainsi la première partie du spectacle est ponctuée par des micros scènes qu’il est très amusant de tenter de reconnaître, des applaudissements enregistrés et le salut des comédiens. Tout cela sous le regard éteint d’un étrange personnage flasque aux yeux et à la bouche articulés tel un énorme ectoplasme rose pâle semblant détenir le savoir universel qu’il finit d’ailleurs par régurgiter sur le plateau sous la forme de ce qui semble être du pétrole.

C’est avec la gouaille, l’humour caustique et trash que la compagnie revisite des pièces et des interprétations de musique. Face à cette outrance, le rire finit par gagner !

Même si parfois l’accumulation et l’enchainement des références met mal à l’aise. Jamais la compagnie ne guide notre jugement et on peut se questionner sur les raisons de cette pièce. Est-ce un hommage, une critique, une moquerie ?

La compagnie nous laisse libre juge revendiquant simplement, et c’est gigantesque cet acte de liberté, le droit d’exister sans raison sans leçon à tirer, sans réappropriation par les bons sentiments, la morale et les codes du politiquement correct. Juste être.

Le plateau d’abord sage et ordonné se jonche de toutes sortes d’objets, de vêtements utilisés au fil des scènes pour finir complètement recouvert d’un fatras comme une chambre prise d’assaut par des enfants extrêmement turbulents.

Les comédiens sont comme d’habitude époustouflants dans ce rythme effréné et l’enchainement des scènes. Ils gesticulent se contorsionnent s’époumonent se déshabillent passant d’un registre à un autre avec une étonnante facilité.

Ce cabaret déjanté et loufoque est un exercice de style réussi. Même si, il faut le reconnaître cette accumulation de mauvais goût, de vulgarité et d’impudeur peut finir par lasser ou du moins fatiguer. Toutefois le Zerep est ainsi c’est son style son accroche et sa ligne et on sait ce que l’on va trouver. C’est à cet endroit qu’on les attend.

Tous les thèmes sont ramenés au-dessous de la ceinture ou ridiculisés dans un humour potache. Les Hommes sont ainsi montrés sans pudeur, pas très glorieux très loin des clichés imposés par les magazines ce qui les rend aussi touchants et fragiles. Le bon goût de mise de nos jours, le savoir être et nos références culturelles sont mis à mal offrant ainsi une marge de liberté aux spectateurs les amenant à se questionner sur nos codes de vie en société.

Tout est montré dans une impudeur et un langage sans filtre et étrangement aucun discours n’est asséné aucune pensée n’est induite, laissant ainsi les spectateurs libre de tirer ses propres conclusions et c’est très agréable.

Biopigs
conception et scénographie : Sophie Perez, Xavier Boussiron
texte : Sophie Perez, Xavier Boussiron, Arnaud Labelle-Rojoux
musique : Xavier Boussiron
costumes : Sophie Perez, Corine Petitpierre
régie générale : Léo Garnier
lumière : Fabrice Combier
son : Félix Perdreau
régie plateau : Camille Rosa
réalisation décors : Les ateliers de Nanterre-Amandiers – Centre dramatique national
sculptures : Daniel Mestanza
réalisation costumes : Corine Petitpierre, Anne Tesson
administration : Julie Pagnier

avec : Sophie Lenoir, Stéphane Roger, Marlène Saldana, ErGe Yu

du 23 mars au 2 avril 2017, du mardi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30

Du 11 au 23 avril à 20h30, dimanche à 15h00 relâche les lundis et le 16 avril

Théâtre du Rond Point
salle RENAUD-BARRAULT
2bis av Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Réservations au 01 44 95 98 00
 www.theatredurondpoint.fr

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