ƒ Article de Victorial Fourel

Moment de création au cours duquel les compagnies présentes au cours de la saison reviennent pour proposer des formes courtes et très différentes, le festival Summer of Loge a fidélisé le public pendant l’été depuis 8 saisons.

Le bikini est un symbole de féminité, un choc, un scandale, un succès commercial, une odeur de plage et d’émancipation. Mais c’est aussi et avant tout l’atoll sur lequel furent effectués des tests nucléaires sur-médiatisés, et dont l’inventeur du maillot de bain tira profit. Analogie décalée et vaguement ironique.

Dans cette forme courte s’entrecroisent l’histoire de cet atoll et de son peuple, chassé de chez lui parce que sur le passage d’une bombe, mais aussi celles des personnages de La Colonie de Marivaux, et d’amours contrariées par les rapports de force entre hommes et femmes. Cet objet théâtral maîtrisé interroge la notion de lutte ou de cohabitation, navigue entre Histoire, fiction et modernité, et interpelle avec talent son public. Les deux comédiens sont très techniques et enchaînent les ruptures, se font personnages de comédie de mœurs, porte-parole des combats féministes, ou tout simplement comédiens face à leurs rôles. Il y a du rythme et une belle gestion du versant didactique : on nous explique, on utilise des supports, on nous montre des images. Et nous, on se laisse prendre au jeu.

Le risque de ce rythme effréné a un écueil, que Bikini n’évite pas : il y a de nombreux niveaux de lecture, de nombreux tons aussi, tout simplement, qui nous perdent. En l’absence de repères, on est touché par le sujet, mais l’on cherche à récupérer un fil, une trame. Il ne s’agit pas de faire sens à tout prix, il ne s’agit pas de suivre une seule histoire, mais simplement de rendre le propos plus subtil en le fondant dans autre chose. Les scènes moins premier degré et militantes sont au final plus parlantes, plus dynamiques, et plus entraînantes. En clair, ces mises en abyme et ses prises de position font beaucoup d’informations, qui mériteraient d’être plus étalées, moins condensées. Cette demi-heure, si elle est impressionnante par la performance réalisée, est aussi trop lourde, elle manque de souffle et de silence.

Le sujet et ses nébuleuses ne manquent pas d’intérêt. Être attirés les uns par les autres, séduire, est-ce juste quand il y a inégalité ? Y a-t-il des alternatives à la domination et à la violence ? Trente minutes ne suffisent pas, une vie entière, peut-être, ne suffirait pas. Mais ce spectacle a le mérite de poser les bases à tous les débats de la terre.

Bikini

Texte Barbara Métais-Chastanier
Mise en scène Keti Irubetagoyena
Avec Bruno Coulon et Grace Seri

Du 4 au 6 juillet 2017 à 20h

La Loge
77 rue de Charonne 75011 Paris
Métro 9 Charonne

Réservation 01 40 09 70 40

www.lalogeparis.com

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