ƒƒƒ  article de Victoria Fourel

© Laurent Philippe

Alors. Pour résumer, il y a trois petites cochonnes qui draguent un loup, une fée qui sème le bazar, une belle au bois dormant qui ne veut pas se faire embrasser, il y a un nain et sept Blanche-Neige, il y a des nounours danseurs de rue et des Cendrillon qui laissent tomber bien plus que des pantoufles de vair. Voilà Barbe-Neige et les sept petits cochons au bois dormant, création entre danse, mime et théâtre de Laura Scozzi, qui revisite et dynamite les contes traditionnels.

Ici, par un humour cinglant, on remet en question les modèles traditionnels imposés par les contes, les codes qu’ils inculquent et le recul qui manque face à ces histoires au goût d’enfance suranné. Laura Scozzi cherche alors à inverser les histoires, à les réécrire, à rendre les personnages de contes tantôt ordinaires, tantôt niais, absurdes, drôles, pousse leurs caractéristiques jusqu’à la caricature, avec pour seul but de faire une entorse au règlement. Naît de cette envie un spectacle énergique et moderne, qui provoque le rire et qui se permet tout, de la plus facile imitation grotesque de princesse Disney aux passages carrément absurdes de princes à cheval sans cheval. Ce qui est intéressant, c’est la simplicité – apparente seulement – de la création. La danse se déplace dans les corps comme un courant électrique, qu’on ne peut pas toujours contrôler, on se promène dans un décor de dessin animé en carton pâte, et il y a théâtre au moindre détournement, à la moindre chorégraphie. Sans être sérieux, moralisateur ou revendicatif, Barbe-Neige… saute pourtant à pieds joints dans l’écrin des contes pour en dire les absurdités, et faire des personnages des gens normaux, bêtes et méchants, sexy et susceptibles d’échouer.

Sur le plateau, c’est l’énergie qui fait que le spectacle se crée sous nos yeux. A chaque instant, la danse passe aussi par le regard des artistes, qui, dans quelque chose de très clownesque, nous renvoie tout, leur caractère, leur humour. On entend les bruits qui vont avec la danse, on entend les exclamations et les baskets qui tapent sur le plateau, et, sans entrer dans des surenchères techniques ou visuelles, il se dégage une folie, un truc qui ne tourne pas rond dans ce spectacle. Jusqu’à l’explosion du dernier cliché du prince charmant, on est baladé dans un absurde qui a des choses à dire, par une génération décidée à envoyer balader ce qu’on lui a raconté avant d’aller dormir.

Barbe-Neige et les sept petits cochons au bois dormant
Conception Laura Scozzi
Mise en scène Laura Scozzi
Avec Dorel Brouzeng Lacoustille, John Degois, François Lamargot, Céline Lefèvre, Karla Pollux, Fanny Rouye, Mélanie Sulmona, Jean-Charles Zambo.

Du mardi 7 octobre au dimanche 19 octobre 2014
Du mardi au vendredi à 20h le samedi à 19h le dimanche à 16h

Maison des métallos
94, rue Jean-Pierre Timbaud – 75011 Paris
Métro Couronnes ou Parmentier
Réservation 01 47 00 25 20
www.maisondesmetallos.org

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