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Barbarians, d’Hofesh Shechter, au théâtre de la ville

Juin 07, 2016 | Commentaires fermés sur Barbarians, d’Hofesh Shechter, au théâtre de la ville

ƒ article de Florent Mirandole

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© DR

Hofesh Shechter confirme être rentré dans une nouvelle étape de son travail. Après les pièces puissantes, les chorégraphies nerveuses, le chorégraphe a changé de vocabulaire chorégraphique. La rentrée de plusieurs danseurs récemment dans la compagnie correspond avec l’arrivée de pièces toujours aussi visuelles, mais moins physiques et moins agressives, et souvent moins fortes.

Barbarians est divisé en 3 parties, chacune portant une atmosphère visuelle forte. La première surtout, semble être construite uniquement par la lumière. Une série de spots à la lumière blanche aveuglante sculpte l’espace tout au long de cette première partie. Accompagnée d’une bande-son toujours très électro-bruitiste, la pièce enchaine les illusions visuelles et les effets sonores, faisant apparaître et disparaitre la troupe à loisir. Accroché à son siège, on plonge dans ce bain de lumière assourdissant. Malheureusement la chorégraphie court loin derrière.

Vêtus de larges chemises blanches proches de la camisole, les danseurs enchainent les mouvements sans émotions ni applications. La petite troupe s’avère imprécise, mal à l’aise avec cette chorégraphie. Sans densité, sans épaisseur, les danseurs dans leurs costumes flottant semblent courir derrière l’émotion que leur environnement dégage. La créativité s’est déplacée dans le son et la lumière.

La deuxième partie, intitulé tHE bAD, laisse un bref espoir sur un possible sursaut du chorégraphe. Habillés de combinaisons plastiques jaunes, les danseurs incarnent davantage cette atmosphère étrange et gluante. Les mouvements sont plus langoureux, plus proches du sol, et apportent un peu d’originalité. Pourtant les costumes et à nouveau la musique dynamique ne suffisent pas à compenser l’essoufflement rapide de la chorégraphie. Les mouvements se répètent très vite, dans une partie qui s’éternise. La dernière pièce, centrée sur les tribulations d’un couple en habits tyrolien, achève de perdre le spectateur dans une longue chorégraphie proche de l’improvisation maladroite.

Il faut se rendre à l’évidence, le style d’Hofesh Shechter qui a fait son succès est en train de disparaître. Il faut dire adieu aux luttes prométhéennes, comme dans Sun, ou aux combats amoureux, comme dans Fragments, et espérer que le chorégraphe israélien retrouvera bientôt l’envie de nous surprendre.

Barbarians, d’Hofesh Shechter
Première partie : the barbarians in love
Chorégraphie et musique Hofesh Shechter
Collaboration lumière Lawrie McLennan / Voix Victoria avec Natascha McElhone
Musique additionnelle François Couperin : Les Concerts royaux, 1722, Jordi Savall & Le Concert des Nations (2004)

Deuxième partie : tHE bAD
Chorégraphie et musique Hofesh Shechter créées avec les danseurs Maëva Berthelot, Sam Coren, Erion Kruja, Philip Hulford et Kim Kohlmann
Collaboration lumière Lawrie McLennan
Réalisation des costumes Amanda Barrow
Musique additionnelle Mystikal, Pussy Crook tiré de l’album Tarantula (2001) et
Hespèrion XX, Jordi Savall, Paavin of Albarti (Alberti) tiré de l’album Elizabeth Consort Music 1558-1603 (1998)

Troisième partie : Two completely different angles of the same fucking thing
Chorégraphie Hofesh Shechter
Créée avec les danseurs Bruno Guillore,
Winifred Burnet-Smith et Hannah Shepherd
Collaboration lumière Lawrie McLennan
Musique additionnelle Abdullar Ibrahim, Maraba Blue tiré de l’album Cape Town Flowers (1997), Hespèrion XX, Jordi Savall, In Nomine V a 5 (White) tiré de l’album Elizabeth Consort Music1558-1603 (1998) et Bredren & MC Swift, Control tiré de l’album Control (2014)

Du 30 au 4 juin 2016

Théâtre de la Ville
2, place du Châtelet
75004 Paris
Réservations 01 42 74 22 77
theatredelaville-paris.com

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