Critique de Bruno Deslot –

Un itinéraire en vers

Quelques accords de guitare pour accompagner une mise en voix des textes connus de la poésie française, et la route est toute tracée pour parcourir les rues de la capitale.

Un banc planté au milieu de la scène et éclairé par la faible luminosité d’un réverbère suspendu, se situe sur le lieu de passage où se rencontrent ceux qui évoquent le Paris mystérieux de la Gare du Nord ou surprenant des amoureux des bancs publics. De Guillaume Apollinaire à Jacques Réda ou de Brassens à Gainsbourg, les extraits de poèmes issus d’une culture patrimoniale, s’enchainent au rythme d’une bal(l)ade sans encombres à travers les rues de la capitale. Yan Pradeau relance la dynamique de la proposition ou la ponctue par quelques accords de guitare qui permettent alors aux deux comédiennes de poursuivre leurs récitations expressives et colorées. Les gestes accompagnent la parole et facilitent d’autant plus la compréhension du texte qu’il serait regrettable de ne pas venir assister à ce spectacle en famille.

Vêtements noirs et veste rouge, Isabelle Siou et Delphine Haber rassemblent avec candeur la somme de vers qu’elles additionnent pour arpenter les rues de Paris avec étonnement, stupéfaction ou inquiétude. La gamme des intentions est aussi exhaustive que les accords de guitare et subordonne une quarantaine de poèmes avec une certaine timidité… certainement celle de l’enfant qui découvre que la Terre est ronde !

Mais du Pont des Arts à la Tour Eiffel ou de la rue des Pyrénées à la Gare du Nord, il y a de l’engagement, juste ce qu’il faut, de la pédanterie, pas trop et quelque chose de pétillant dont on ne voit jamais les bulles…Magie de l’éphémère ! Les incontournables poèmes de Queneau ou de Roubaud emboîtent le pas à ceux plus osés de Venaille ou Apollinaire pour raconter Paris, pour chanter les joies et les peines de ses habitants et consolider les fondations d’un guide touristique en devenir sur scène ou en CD. Une pointe de nostalgie rehausse l’ensemble de la prestation et invite le spectateur à se promener dans les rues de Paris, sans risques et peu importe l’heure !

Bal(l)ade Parisienne
Textes : Delphine Haber et Isabelle Siou (montage)
Mise en scène : Benoît Bellal
Avec : Delphine Haber, Isabelle Siou et Yan Pradeau
Compositeur : Yan Pradeau
Musiciens : Yan Pradeau et Benoît Bellal
Lumière : Florent Barnaud

Du 17 avril au 27 juin 2010

Théâtre du Ranelagh
5 rue des Vignes, 75 016 Paris
www.theatre-ranelagh.com

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