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Balatata, de Magda Kachouche, à La communale, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis, à Saint-Ouen

Mai 22, 2025 | Commentaires fermés sur Balatata, de Magda Kachouche, à La communale, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis, à Saint-Ouen

 

© B. Capela

 

ƒƒ article de Nicolas Thevenot

Il y a quelques jours de cela je visitais l’exposition Joie collective au Palais de Tokyo. Visite roborative, ludique et inspirante. Dans le dédale des salles de l’imposant bâtiment des images de fêtes, de défilés, de manifestations. Des carnavals, des rituels, se détachait un fait indéniable : la subversion devient politique quand elle est collective. La révolution ne peut qu’être participative. Magda Kachouche est probablement une habituée de cette fête-là, haute en couleur et polysémique, populaire, joyeuse et singulière. Elle est avant tout une énergie, une vibe qui fait corps, qui électrisait La Rose de Jéricho comme ce nouvel opus, Balatata, elle est ce fil rouge vibrionnant d’une proposition à l’autre qui produit l’impression de ne jamais l’avoir vraiment quittée quand on la retrouve. Une précieuse familiarité. Ici, dans cette salle de La Communale à Saint-Ouen (puis le lendemain dans le cadre du Kilomètre de danse de Pantin), elle nous accueille pour un bal participatif accompagnée de Gaspard Guilbert, musicien et compositeur, et de ses autres acolytes, interprètes et chauffeurs de salle, Jacky Medefo et Bernadette Tisseau. Sans oublier d’autres complices d’un soir disséminés dans la foule.

Magda Kachouche sait chauffer les mots pour les faire danser. Au micro, elle honore les nouveaux entrants d’une parole qui swingue et improvise avec talent sans jamais s’appesantir. On retiendra ce « voilà Beyoncé, on peut commencer » du plus bel effet que l’on se promet de replacer en réunion de service. Balatata, invité par les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis, est un projet insolite et généreux : un spectacle où le public se découvre acteur principal. La playlist fixe la ligne dramaturgique de l’ensemble. Dans cette entreprise accueillant toutes et tous sans distinction, orchestrant les époques, faisant émerger et cultivant un être ensemble, on pourrait presque voir un pendant au livre d’Annie Ernaux, Les années, cette autobiographie collective, qui redonnait courageusement ses lettres de noblesse au pronom indéfini, à ce « on » banni du beau langage. D’une java, du disco, d’un reggaeton, et de bien d’autres musiques encore, Magda Kachouche, Jacky et Bernadette font ressortir le corps perdu de ces années-là, et nous avec. C’est une culture vernaculaire qui s’exhibe, c’est une archéologie qui s’exprime dans le vivant des corps. On s’amuse bien sûr de bout en bout, on exulte dans ce corps collectif, mais on ne quitte pas non plus l’idée que cette fête n’est pas comme les autres. Cousue d’un fil blanc, suffisamment lâche pour ne pas contraindre le réseau d’émotions qui affleurent au fil du bal, Magda Kachouche insert, à la manière de caméos, quelques figures serties par la foule. Ainsi de cette Nina Hagen, crinière blanche et argentée, pareille à une déesse se révélant au commun des mortels, vociférant un playback théâtral et lyrique, dessinant sa clairière sur le dance floor. Il y aura aussi cette autre déesse, Balatata, assise au sol, où viendront s’amonceler tous les autres danseurs, comme s’ils formaient autant de membres d’un corps gigantesque, comme s’ils ruisselaient de son corps à elle. Il y eut à ce moment-là comme l’évidence de l’effritement de la frontière entre sacré et profane, et plus encore entre danse spectaculaire et danse populaire.

 

© B. Capela

 

Balatata, conception et interprétation de Magda Kachouche

Composition, musique live et interprétation : Gaspard Guilbert

Interprétation / chauffeur et chauffeuse de salle : Jacky Medefo et Bernadette Tisseau

Collaboration à la dramaturgie : Arnaud Pirault

Costumes : Alexia-Crisp Jones

Conseillère en bal : Léa Sabran

 

Durée : 1h30

Le 16 mai 2025 à 21h, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis

 

La Communale 

10 bis, rue de l’Hippodrome

93400 Saint-Ouen-sur-Seine

Tél : 01 55 82 08 08

https://rencontreschoregraphiques.com/

 

 

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